La carte de crédit

Publié le 17 juillet 2015 par Réverbères


Aujourd'hui, quoi de plus banal qu'une carte de crédit ? Alors que la mondialisation s'est imposée à  de multiples niveaux, la carte de crédit sert à effectuer de nombreux paiements. Bien maîtrisée, elle est un outil précieux et indispensable. En dehors du système international qui permet de la gérer, la carte en elle-même évolue. Ainsi, celle que j'ai reçue il y a un mois, en renouvellement de la précédente périmée, a la particularité de ne plus avoir d'inscriptions en relief, utilisables avec l'antique "sabot". Très bien, sauf que...
Sauf que tout le monde n'évolue pas à la même vitesse technologique que nos banques belges. En réalité, la plupart des paiements se font de manière électronique et c'est la puce contenue dans la carte qui est seule utile. Pourtant, arrivant en vacances sur une île européenne et après une longue attente dans la file, lorsque j'ai voulu prendre possession de la voiture de location que j'avais réservée et payée depuis mon ordinateur, j'ai présenté les trois cartes nécessaires, toutes les trois au même format : ma carte d'identité, mon permis de conduire européen et ma carte de crédit. 
Directement, mon interlocutrice m'a dit, dans une langue universelle aussi étrangère pour elle que pour moi : "Ceci n'est pas une carte de crédit" ! J'ai eu beau lui expliquer, dans cette langue universelle que je manie fort mal, que c'en était bien une, que ma banque m'avait bien dit qu'il fallait insister, que je n'avais jamais vu un pays aussi retardataire, que j'allais dénoncer l'agence de location devant la Cour européenne de Justice, etc., rien n'y fit, cette (jolie) préposée me répétait toujours la même chanson : "Ceci n'est pas une carte de crédit" ! J'avais évidemment bien compris que ce qui lui manquait, c'étaient les inscriptions en relief, seules susceptibles d'être imprimées grâce au sabot en guise de garantie de paiement en cas d'accident.
Pas de panique : l'histoire finit bien. Ayant été un grand voyageur, lorsque ma banque était passée de la carte Visa à MasterCard, sachant que certains pays ne connaissaient pas encore cette dernière (mais oui, mais oui), je m'étais mis en recherche d'une carte Visa gratuite (tout comme ma MasterCard), avec succès. Bref, j'ai sorti de mon chapeau magique ma carte Visa avec tous les reliefs nécessaires et je fus émerveillé par le sourire instantané de la (belle) hôtesse. Quelques minutes plus tard, nous roulions au volant de la voiture tant espérée.
Dans cette affaire, vous avez bien compris que je ne parviens pas à en vouloir à cette charmante femme qui ne faisait que son boulot, avec les outils en sa possession. J'en veux surtout à ma banque (dont je suis pourtant un fervent utilisateur). C'est très bien d'être à la pointe du progrès, mais ils n'ont pas à supprimer les inscriptions en relief si un commerçant quelconque dans le monde - il en suffit d'un seul ! - utilise encore le sabot. Ma carte de crédit est censée m'être utile partout. Je disposais d'une solution alternative, mais que se serait-il passé si ce n'avait été le cas ? Je n'ose y penser !
J'en veux aussi à l'agence de location. Celle-ci disposait bien d'un terminal électronique, mais les procédures ne permettent apparemment pas d'utiliser celui-ci et de se passer du sabot pour "bloquer" cette garantie. Et si elles le permettent, l'agence aurait dû en informer son personnel.
Puis, j'en veux de manière plus large à notre société mondialisée qui fait qu'on n'existe plus qu'à travers nos multiples cartes. Sauf erreur, c'est dans la BD géniale "SOS bonheur" que Hermann dénonce cet état de fait à travers le cas d'un personnage qui a perdu sa carte d'identité et qui donc - pour le système - n'existe plus, n'a plus d'identité, celle-ci n'étant liée qu'à la carte ! C'est horrible.