La branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI) a revendiqué
jeudi une attaque au "missile" contre une "frégate" de la marine au
large de la péninsule du Sinaï, son premier attentat du genre depuis le
début d'une insurrection jihadiste dans le pays en 2013.
Les
attentats se sont multipliés en Egypte depuis que l'armée a destitué le
président islamiste Mohamed Morsi en 2013, et ces attaques, qui visent
essentiellement les forces de sécurité, ont tué des centaines de
policiers et de soldats, notamment dans le nord du Sinaï.
Dans un
communiqué publié sur Twitter, le groupe "Province du Sinaï", la
branche égyptienne de l'EI, a affirmé que ses combattants avaient mené
une attaque au "missile guidé" contre "une frégate" de la marine en mer
Méditerranée, au nord de Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza
palestinienne.
Le texte est accompagné de trois photos montrant ce
qui semble être un missile antichar frappant le navire, causant une
large explosion.
L'armée avait annoncé plus tôt qu'un bateau de
la marine avait pris feu lors d'affrontements entre des jihadistes et
des militaires, affirmant qu'aucun soldat n'était mort dans ces
violences.
Un photographe de l'AFP et un témoin dans la bande de Gaza
ont affirmé que le navire se trouvait à plus de 3 km de la côte
lorsqu'une explosion est survenue. Des navires de la marine égyptienne
sont allés au secours de l'équipage, tandis qu'un nuage de fumée
s'élevait au-dessus du patrouilleur.
L'attentat de jeudi est la
première attaque contre un navire de la marine revendiquée par les
jihadistes de l'EI. En novembre, une vedette de la marine avait
cependant été attaquée en Méditerranée dans des circonstances obscures
au large de la province côtière de Damiette (nord-est).
A l'époque,
l'armée avait qualifié l'attaque de "terroriste", affirmant que huit
militaires étaient portés disparus, sans plus de détails.
Coups d'éclats
Ces derniers jours, les
jihadistes ont multiplié les coups d'éclats. Le pays a ainsi connu une
série d'attaques spectaculaires, malgré les opérations à grande échelles
lancées par l'armée, qui dit avoir tué plus de 1.100 "terroristes" dans
le Sinaï depuis deux ans.
Le 1er juillet, dans le nord du Sinaï,
les jihadistes de l'EI lançaient une série d'assauts coordonnés contre
des positions de l'armée, avant de s'engager dans des affrontements sans
précédent avec les militaires.
L'armée avait fait état de 21 soldats tués dans ces violences.
Le
procureur général Hicham Barakat était assassiné fin juin dans une
spectaculaire attaque à la voiture piégée au Caire qui n'a pas été
revendiquée. Il est le plus haut représentant de l'Etat à avoir été tué
dans la vague d'attentats qui secouent l'Egypte depuis 2013.
Et
samedi, l'EI a revendiqué un attentat à la voiture piégé contre le
consulat d'Italie en plein centre du Caire, une attaque qui a tué un
civil égyptien et détruit en partie la façade du bâtiment. Il s'agissait
du premier attentat visant une mission diplomatique depuis l'éviction
de M. Morsi.
Peu de jours après cette attaque, les autorités ont
limogé le chef de la police du Caire, le général Oussama Bedair. "Le
ministre de l'Intérieur Magdy Abdel Ghaffar a ordonné la destitution du
chef de la police du Caire, le général Oussama Bedair, et a nommé le
général Khalid Abdel Aal (son adjoint) à sa place", a indiqué jeudi le
ministère dans un communiqué.
Les jihadistes disent agir en
représailles à la sanglante répression qui s'est abattue sur les
pro-Morsi et dans laquelle plus de 1.400 personnes, en majorité des
manifestants islamistes, ont été tuées.
Des dizaines de milliers ont
également été emprisonnés, tandis que des centaines ont été condamnés à
mort dans des procès de masse expéditifs.
La Cour de cassation a cependant annulé des dizaines de ces peines capitales, ordonnant de nouveaux procès.
Source : Lorientlejour