On vous voit, avec votre air perplexe. Oui vous les avez aimés il y a dix ans, mais les reformations, vous n’y croyez pas. Un truc pour que les groupes renflouent les caisses et pour que les fans hardcore aient quelque chose à se mettre sous la dent. Sauf que la réformation des Libertines n’était qu’une question de temps. Un groupe de cette trempe ne pouvait pas s’arrêter sur un second album et le duo Pete Doherty/Carl Barât avaient encore beaucoup de choses à donner. Anthems For Doomed Youth, disponible le 4 septembre 2015, sera une réussite. La preuve par trois.
1. Pete Doherty et Carl Barât sont meilleurs ensemble
Entre Pete Doherty et Caral Barât, c’est l’amour passionné, irraisonné. C’est aussi la guerre. S’ils sont inséparables lors de l’enregistrement de Up The Bracket (2002), deux gardes du corps sont embauchés pour éviter qu’ils se tapent dessus en studio pour The Libertines deux ans plus tard. Pete Doherty cambriole le domicile de Carl Barât avant de lui crier son amour en interview. Bref, ils sont intenables. Cette dualité, ce rapport amour/haine que l’on retrouve dans beaucoup de groupes anglais est probablement ce qui explique leur espérance de vie bien plus courte que celle des formations américaines. C’est également ce qui rend ces duos improbables captivants. En 2004, la rupture officielle de The Libertines est annoncée. Suivront dix années d’errance musicale.
Après tout la création des Babyshambles n’est qu’une réponse d’un gamin vexé qu’on exclut des Libertines en 2004. Rappelons que le premier nom que Pete Doherty a donné à son groupe était t’Libertines. Bien sûr, aucun tourneur n’accepta de les programmer. Ayant adopté l’identité des Babyshambles, Doherty composera miraculeusement deux albums dans le chaos le plus total: Down In Albion (2005) et Shotter’s Nation (2007). Agressifs, ils manquent de la souplesse de Carl. Ce dernier, en réponse aux Babyshambles, lance les Dirty Pretty Things et s’amuse à sortir deux albums en réponse à son compère : Waterloo To Anywhere (2006) et Romance at Short Notice (2008). Deux disques bien trop lisses. Seul Grace/Wastelands (2009) d’un Peter Doherty apaisé sera une totale réussite. Dix ans d’expérience plus tard, le savoir-faire de Carl Barât allié à la fougue de Pete Doherty devrait faire de Anthems For Doomed Youth un petit miracle. Ou plutôt un grand album.
2. Le single Gunga Din est prometteur
Le clip du premier single de Anthems For Doomed Youth, Gunga Din est la plus belle des preuves. Tourné dans le quartier chaud de Pattaya en Thaïlande où Pete Doherty est entré en cure de désintox, il en met plein la vue, plein les oreilles. Les Libertines sont beaux. Ils sont glorieux. Espiègles et plus proches que jamais, ils nous prouvent qu’ils sont bien de retour. Le son raisonne également typiquement Libertines. Ceux qui s’amusent à mixer « la mélancolie de Django Reinhardt et l’agressivité rythmique des Stooges » sont de retour aux sources, la voix de Pete Doherty plus assurée, et celle de Carl Barât, trop souvent oubliée, mise en avant. Et au diable ceux qui ont ri en découvrant le producteur de ce nouvel album : Jake Gosling, qui a notamment collaboré avec… Ed Sheeran et One Direction. Carl Barât l’a dit lui-même au NME : ils sont à la recherche de nouveaux sons et ont besoin, pour ça, de quelqu’un complètement nouveau. Gunga Din est bien la preuve qu’une nouvelle fois, ils ont eu raison de faire les choses à leur manière. Et qu’importe l’avis des autres.
3. Leurs retrouvailles sur scène sont magiques
On avait déjà eu un aperçu rassurant des retrouvailles timides de Carl et Pete sur la scène de Hyde Park en 2010. Nous avons eu confirmation du retour des Libertines à Glastonbury cette année. Ils montent sur scène, coiffés du même chapeau, cote-à-cote. La même flamme. Comme il y a dix ans, ils chantent collés-serrés, partageant un même micro, leurs lèvres se frôlent… Pete Doherty, l’œil pétillant, assure le show jusqu’au bout avec brio. Il est loin le temps où il cassait sa guitare en quittant la scène après trois chansons. On retiendra surtout sa version déchirante de You’re My Waterloo qui pourrait faire pleurer un ampli (bonne nouvelle, elle fait partie de la tracklist de Anthems for Doomed Youth). Carl Barât, lui, semble avoir repris vie, et confiance en lui. Rendez-vous samedi 29 août à Rock en Seine pour avoir un aperçu de leur nouvel album.
Ludivine Olives