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Coup de blues

Publié le 23 avril 2013 par Moralotop @moralotop

 Coup de blues pour Benjamin…

22 heures, dans le salon, tout est calme.

Sauf Benjamin.

Miné par un sérieux coup de blues.

Agathe, son épouse, écoute ses confidences.

Benjamin :  Je me le dis tous les jours : je n’aurais jamais dû faire chirurgien.

Moralotop_probleme2C’est de ma faute si je ne suis pas heureux.
Si les enfants n’ont pas profité de leur père.

S’ils ont grandi sans que je ne les voie.
Quel idiot j’ai été…

Agathe : Benjamin, mon chéri, que t’arrive-t-il ce soir ?

Tu es trop stressé sans doute.
Tu as un petit coup de blues mais…

 Benjamin :

Je n’ai pas un petit coup de blues,

j’ai un énooooorme coup de blues.

Moralotop_probleme2Parce que je n’ai pas su dire non à ma famille :
Benjamin, tu seras chirurgien «comme ton père»,
Benjamin, tu feras honneur à la famille, comme papa…

Et patati et patata, j’ai entendu ça des milliers de fois quand j’étais gamin.

A force, je n’en pouvais plus.
Et j’ai fait ce qu’on attendait de moi.

C’est pourtant simple de savoir dire non,   je suis nul.

Allons Benjamin, lui souffle tendrement Agathe, tu vas retrouver le moral, je vais t’aider.

Toujours aussi peu réceptif, au cœur de son profond coup de blues, le chirurgien poursuit.

Benjamin : Je suis usé, je n’ai plus de force.

Plus d’énergie, plus d’envie.
Je n’éprouve que du stress devant mes patients.

Et même devant mon équipe, tu te rends compte…
Une énorme dose de stress et angoisse.
Des regrets aussi.

Agathe : Tu sais Benj…

Benjamin n’écoute pas.

Benjamin : Au fond qu’est-ce que j’ai fait de magnifique, d’exaltant ?

Je gagne de l’argent ?
Pfff… ça me fait une belle jambe.

Ceux qui n’ont pas d’argent rêvent d’en avoir.
Et quand ils en ont, ils n’ont plus d’envies… comme moi.

Je n’aime plus ce que je fais.
En fait, je ne m’aime plus.

Agathe : Allons Benjamin, tu sais bien…

Agathe ne va pas plus loin, à nouveau interrompue par son époux que son coup de blues, signe de dépression (?) inquiète.

Benjamin : Moi, mon truc, c’est la musique.
Je voulais être batteur rock !

Je rêvais de cheveux longs, de me lever à midi, de tournées monstrueuses, de groupies.
Bref, de m’éclater devant des milliers de personnes.

Je voulais frapper des tambours, pas charcuter des gens.

La tête dans les mains, des larmes perlent au coin de ses yeux.

Pas de doute, Benjamin vit un authentique coup de blues.
Il reprend.

D’ailleurs…

Mais, cette fois Agathe l’interrompt.

Agathe : Benjamin mon chéri, et si l’on regardait les choses autrement ?

Car la situation n’est pas celle que tu crois.

D’abord, chirurgien est un très beau métier, que ferait-on sans vous ?

Aujourd’hui tu te reproches d’avoir accepté ce qu’ON avait décidé pour toi.
Et, c’est vrai, tu aurais pu te lancer dans d’autres branches.

Tu n’as pas su dire non, mais qui, dans le contexte de l’époque, aurait su le faire ?
Cette « erreur», puisque tu la vois ainsi, accepte-la.

C’est le meilleur moyen de la digérer une fois pour toutes.
D’autant que tu es un excellent chirurgien.

Et que cette erreur que tu considères comme un handicap s’est transformée en immense force.

Celle d’exister par toi-même.

Car oui, Benjamin, tu as fait des choses magnifiques.
En soulageant et guérissant des tas de gens.

Tu as fait des choses que personne ne croyait possibles.

Tu te souviens de Renard ?
Tout le monde le voyait perdu, il était impossible qu’il s’en sorte.
Tu l’as sauvé.

Tu te souviens de tous ces gens qui, eux aussi, avaient un sacré coup de blues avant de passer sur le billard ?
Ne t’ont-ils pas toujours remercié en te quittant ?

N’es-tu pas devenu leur héros, vrai ou pas ?

Benjamin : Mmouiii mais… ça m’a pris des années pour être reconnu.

J’ai ramé comme un malade… c’est le cas de le dire !

Agathe : Et alors ?

Il faut souvent des années pour émerger, pour tracer son sillon, pour faire sa place.

On n’en compte plus les exemples.

Tu sais ce qu’on dit du succès ?

Il visite ceux qui tiennent bon quand les autres ont déjà abandonné.

Tu as tenu bon.
Tu as tout donné.
Pendant des années.

Et c’est justement ton « erreur » qui t’a forgé un caractère.
Qui t’a donné la force de te dépasser.

Cela t’a pris du temps, d’accord.
Mais tu y es arrivé.

Maintenant, tu es reconnu, apprécié de tous tes confrères.
Mieux que ça, tu es devenu une référence.

Aux yeux de tes confrères et surtout aux yeux de tes patients.
De tous ces gens que tu as aidés.

N’est-ce pas magnifique ?

Alors OK, ce soir tu as un énooooorme coup de blues, tu n’as plus envie.
Comme beaucoup de gens.
Dans tous les métiers, dans toutes les situations de la vie.

Qui ne les vit pas ces fichus coups de blues, ces baisses de régime, un jour ou l’autre ?

C’est le propre de l’homme que de se demander pourquoi il a fait ceci au lieu de faire cela.

Il rêve d’avoir fait ce qu’il n’a pas fait… en oubliant tout ce qu’il a fait.

Et tout ce qu’il va faire, encore.

C’est comme ça qu’il alimente lui-même ses déprimes dont il pourrait si bien se passer.

Benjamin lève la tête.

Le discours d’Agathe le touche, l’émeut même.
Il y voit plus que de la compassion.

De la hauteur de vue, de la sincérité et, mieux encore, de l’amour.
L’amour ne se décrète pas, il se montre, se témoigne.

Agathe a confiance en Benjamin.
Parce qu’il a fait des choses et qu’il en fera encore.

Elle le sait.

Aujourd’hui c’est elle qui soulage le coup de blues de son époux, une autre fois, ce sera l‘inverse.

Cela s’appelle un couple.
Qui se solidifie dans l’adversité.

Puis Agathe glisse délicatement sa main dans les cheveux de Benjamin.
D’une voix douce, elle poursuit :

Agathe : Mon chéri, ne regrette plus jamais le passé : tu crois qu’il t’a affaibli alors qu’il  t’a rendu plus fort.

Cesse de te tracasser à cause de lui.
On ne vous apprend pas ça à la fac de médecine ?

Benjamin (esquissant un sourire) : J’ai fait chirurgie, pas psycho…

Intéressé par ces arguments, Benjamin est désormais réceptif aux propos de son épouse.

Agathe reprend.

– En plus, tu t’inquiètes pour demain.
Mais demain c’est aujourd’hui qu’on le prépare.
Qu’on le prépare ensemble.

Crois-moi,

  • se soucier pour le passé est inutile.
  • se soucier pour le futur l’est tout autant.

Personne ne peut changer le passé.
Ni prévoir l’avenir.

Et tu ne vis ni hier ni demain, et encore moins après demain.
Ne t’encombre ni du poids du passé,

Ni du poids du futur.
Dans la vie, plus tu voyages léger, plus tu vas loin.

Benjamin : Merci, chérie, ces mots m’aident plus que tout.

Agathe : Mon père m’a toujours dit « vis un jour à la fois ».
Il le tenait de son père.

Chez lui il avait marqué en gros :

Hier est déjà de l’histoire.

Demain est un mystère.

Aujourd’hui est un cadeau : c’est pour ça qu’on l’appelle présent.

Depuis toute petite, j’ai toujours appliqué ça.
C’est pour ça que je suis heureuse.

Malgré l’adversité que je connais moi aussi.
Comme tout le monde.

Tout ça explique ma foi en l’avenir.
En notre avenir.

Sur ces mots le couple s’embrasse.
Tendrement.

Leur conversation a fait naître une force nouvelle, une dynamique stimulante.
Où l’on raisonne solution et non problème.

Agathe conclut.

Agathe : Allez, il est tard, demain, j’invite mon batteur de mari au resto chinois.

Comme ça, tu les auras enfin en main… tes baguettes !

 separateur_Garder_moral-01

 Voudriez-vous connaître Agathe ? Peut-être vous la présenterai-je un jour…

En attendant, retenez ceci :

solutions1) Ne regrettez pas le passé.

2) Faites-en une opportunité.

3) Acceptez vos erreurs.

4) Ne vivez ni hier ni demain, vivez aujourd’hui.

5) Faites ce qui doit être fait.

6) Donnez (toujours) le meilleur de vous-même.

7) Ayez confiance en vous.

Et maintenant

Et vous ?

Vous arrive-t-il d’alimenter de jolis coups de blues ?

Savez-vous comment y faire face ?

J’ai hâte de vous lire…

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