Je préviens de suite : en commençant cet article, je n’ai pas la réponse à la question.
A vrai dire, je ne sais pas précisément ce que je vais écrire.
C’est juste que l’autre jour, j’étais dans le bus, la place assise derrière le chauffeur.
La place avec la vitre sans teint où mon visage se reflète.
Je me regarde et c’est comme si je ne me reconnaissais pas tout à fait.
Car je me trouve jolie.
Peau lisse et sans défaut, ovale bien dessiné, j’aime bien ma coupe de cheveux, mon regard est franc et lorsque je redresse le menton, je révèle l’image d’une jeune femme de 25 ans, sûre d’elle.
Certes, en vrai, j’ai 10 ans de plus et je ne sais pas si sûre de moi.
Lorsque je surprend mon reflet dans une vitrine, en marchant dans la rue, toujours je me fait cette réflexion « ha oui, c’est vrai, je suis jolie »
Comme les gens qui ont perdu beaucoup de poids, je vis toujours avec cette image de moi, adolescente : lunette à hublot, appareil dentaire, qui rougie dès qu’on lui parle, qui frémit dès qu’il faut s’exprimer.
Pourtant, cette ado est loin dernière moi. Je porte des lentilles, j’ai une dentition correcte, j’ai maigri, je ne m’empourpre plus que très rarement, et parler – même en public – ne m’occasionne plus de sueurs froides.
Je suis certes réservée, parfois sur la défensive et pas à l’aise dans les grands groupes, mais cette introversion fait partie de mon caractère et je ne pense pas que ce soit une composante de la confiance en soi.
Il faut juste que je m’en persuade tout à fait, mais le fait est que la société valorise les extravertis comme une idéal de comportement. Que je ne pourrais de toute façon pas atteindre.
J’ai confiance dans mes capacités.
Que ce soit au travail ou au quotidien, je sais ce que je vaux, ce que je sais faire mais je connais aussi mes limites. Je me sais capable, je me sais agréable, je me sais jolie, mais il faut croire que ça ne suffit pas.
Il y a toujours, là, derrière, l’ado coincée, l’ado mal dans sa peau,
l’ado rejetée.
Rejetée.
La confiance en soi, c’est surtout la façon dont on se positionne vis à vis des autres. Surtout vis à vis de ceux que j’estime m’être supérieur : la hiérarchie, les détenteurs d’autorité légitime, ou des personnes que j’admire. Je me sens de suite intimidée.
Aujourd’hui, je sais que je peux agir mieux qu’untel, mais moins bien qu’une autre personne.
Ça me rappel un test que m’avait fait passer un gars qui s’intéressait à la psychologie.
j’avais 18/19 ans. il m’a demandé de dessiner ma famille, sous forme de p’tit bonhommes. Voila la copie de ce que je lui ai rendu, grosso modo :
Je te laisse deviner où je m’étais positionnée ?
La plus petite, alors que je suis la grande sœur.
Alors oui, ce petit frère qui souvent prenait le dessus.
Mon frère a toujours été le préféré de ma mère. J’étais certes la préférée de mon père; ça aurait pu compenser, mais non. Car mon adolescence n’a été qu’une succession de conflits avec le paternel, comme je l’appelais alors.
Peut-être que ça vient de là, mon sentiment d’infériorité que j’ai eu enfant, adolescente et qui se répercutait sur mes relations copains/copines. J’ai surement développé un comportement, que je pense avoir grandement corrigé depuis, mais qui induisait les autres à me rejeter : marcher vite, tête baissée, rougir, ne jamais contester, ni élever la voix, m’excuser sans arrêt, ne pas m’affirmer.
Je n’avais jamais osé approfondir le sujet, et c’est en écrivant cet article que je me dis, que peut-être, ce déficit de confiance que je me traine vient de là.
Et pendant les derniers moments de maman, j’ai pû me rendre compte combien mon frère était infiniment plus proche d’elle que moi je ne l’ai jamais été.
Ça a remué des souvenirs, ce qui me permet d’exprimer tout ceci aujourd’hui.
Je suis soulagée d’avoir entre-aperçu une des causes possible de cette gêne que je ressens dans mes relations avec les gens.
Je me perçois toujours comme celle qu’on risque de rejeter. Celle qui n’est pas la préférée. La 3eme roue du carrosse.
Qui a moins à dire, moins d’intérêt qu’une autre.
Ça me remue un peu d’écrire tout ça.
Et puis, c’est bien de savoir le pourquoi.
Mais désormais, il va falloir que je m’attèle au « comment ».
Comment me délester de ce passé, sans rien renier.
Comment me transformer, mieux m’estimer, m’apporter cette touche de confiance qui me fait défaut.
Me sentir invincible.
Carrément.
Des idées ?