Les personnes qui » misent » tout leur bien-être sur leur relation amoureuse sont plus susceptibles, en cas de jalousie, de se résigner un jour à noyer leurs chagrins dans l’alcool, conclut finalement cette étude de de l’Université de Houston. Les conclusions, présentées dans la revue Addictive Behaviors commencent tout juste à décrypter la très complexe relation entre l’estime de soi au sein du couple, la jalousie, la nature des relations amoureuses et les problèmes avec l’alcool. Elle permet de mieux comprendre un peu mieux les facteurs » amoureux » qui peuvent parfois conduire à l’excès.
Mieux comprendre ce lien peut permettre aux professionnels et aux psychologues d’identifier les personnes, vivant une "relation", les plus à risque d’excès d’alcool, mais peut aussi aider chacun à mieux comprendre les ressorts amoureux de sa consommation. Car la consommation excessive d’alcool n’est pas un phénomène anodin, c’est la troisième cause de décès évitable et elle entraine plus de 2,5 millions de décès chaque année dans le monde. Faire face à des émotions négatives est l’un des facteurs prédictifs les plus forts de l’excès d’alcool.
De précédentes recherches, citées par les auteurs, suggèrent que la jalousie et l’absence d’estime de soi dans le cadre d’une relation amoureuse ont un impact important sur la consommation d’alcool voire peuvent entrainer des problèmes liés à l’alcool. Mais ces précédentes recherches ont plutôt mis l’accent sur le lien entre jalousie et consommation d’alcool et sur le lien entre jalousie et qualité de la relation. Cette étude est la première à examiner ces 3 facteurs ensemble, et leur impact sur le risque de problèmes avec l’alcool. Il s’agit donc, en premier lieu, d’un examen de la littérature avec l’objectif de rapprocher les différents types de jalousie, émotionnel, cognitif et comportemental, la qualité de la relation (la satisfaction, l’engagement, la proximité), l’estime de soi dans le cadre de la relation et la consommation d’alcool. Puis d’une étude transversale menée sur 2.177 participants, à 87% des femmes qui ont renseigné l’ensemble des critères pris en compte.
L’analyse montre que,
· La jalousie combinée à une mauvaise estime de soi dans la relation amoureuse est associé à l’excès et aux problèmes avec l’alcool,
· la jalousie cognitive renforce l’association entre une mauvaise estime de soi dans la relation et la consommation d’alcool.
· Lorsque l’estime de soi d’une personne est fortement liée à la qualité de la relation amoureuse, l’effet des événements ou des émotions négatives est amplifié. L’étude montre qu’en cas de jalousie, ces personnes vont » consommer pour faire face « .
· En revanche, la satisfaction de la relation, l’engagement, et la proximité vont modérer ou amortir les associations précédentes.
· Au contraire, des niveaux faibles de satisfaction et d’engagement, vont accroître les effets de la jalousie et d’un mal-être au sein du couple sur le risque d’excès et de problèmes avec l’alcool.
Nous avons tous déjà éprouvé la jalousie et certains d’entre nous se sont alors tournés vers l’alcool, explique le Dr Angelo DiBello, auteur principal de l’étude. Cette recherche contribue à montrer comment nos émotions, nos pensées et nos comportements sont étroitement combinés avec parfois un effet nocif. Sur un plan clinique, pour détecter et prévenir les problèmes avec l’alcool, il faut donc prendre en compte aussi les dimensions d’estime de soi et les problèmes relationnels ou amoureux.
Source: Addictive Behaviors October 2015 doi:10.1016/j.addbeh.2015.05.008 The green eyed monster in the bottle: Relationship contingent self-esteem, romantic jealousy, and alcohol-related problems
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