Days and Nights // De Christian Camargo. Avec Katie Holmes, William Hurt et Allison Janney.
Adapter du Tchekhov n’a jamais été la chose la plus simpliste qu’il soit mais c’est malgré tout intéressant de voir ce qui peut en ressortir. Days and Nights est la cinquième adaptation inspirée de La Mouette d’Anton Tchekhov. La première, La Mouette (1968, de Sidney Lumet) était excellente, et une sixième est en cours de production, The Seagull avec Saoirse Ronan. Ce que je trouve dommage dans cette adaptation c’est la façon dont certains acteurs prennent le pas sur d’autres alors qu’il y avait largement de quoi faire de Jean Reno ou encore Cherry Jones. Ces deux là sont les plus mal exploités du film. Pour un premier film, Christian Camargo s’est attaqué à quelque chose de très lourd et c’est peut-être là où justement il s’est heurté à un échec. Son film reste assez honorable la plupart du temps, mais cela vient surtout du casting qui parvient à relever le niveau de certains personnages, certaines idées, etc. Christian Camargo a probablement voulu nous faire un film très polissé, sans trop prendre de risques et c’est là où il y a un véritable problème à mon goût. Nous plonger dans l’univers de cette réunion familiale sous forme de huis clos est judicieux. J’ai une très grande fascination pour les huis clos qui font petit à petit montrer la mayonnaise. Sauf que quand il n’y a pas les bons ingrédients, cela ne prend pas du tout.
Librement inspiré de La Mouette de Tchekhov, une réunion familiale avec ses joies et ses peines...
Et c’est justement là que les choses manquent cruellement de caractère. Du coup, la volonté du scénario est toujours très trouble. Si j’ai beaucoup aimé certains moments (la mort de l’oiseau protégé, le procès, la scène de la porte au début, tous les moments les plus cocasses d’Allison Janney), le reste est parfois un peu creux. Il n’y a pas suffisamment de réflexion derrière le sujet qui pourtant est très intéressant. Tchekhov, pour quiconque connaît la pièce La Mouette, est distinctif pour son sens de l’humour. C’est une comédie qui a un certain âge et qui pourtant, a véritable quelque chose à raconter pour nous faire rire. C’est là que Days and Nights ne parvient pas à retranscrire à la mode d’aujourd’hui ce que voulait faire le dramaturge avec son histoire. Le scénario donne aussi parfois l’impression de vouloir mettre un pied sur l’accélérateur histoire de passer à côté du caractère de certains personnages histoire d’entrer tout de suite dans le vif du sujet. Je me demande si Christian Camargo est fan de La Mouette car justement, son film souffre un peu de cette volonté de ne pas trop en faire histoire de ne pas heurter qui ou quoi que ce soit. Ou alors est-ce simplement car il n’arrive pas à faire grand chose de son sujet pourtant si vaste.
Cela pourrait aussi un peu ressemble à The Slap, la mini-série australienne adaptée d’un roman où l’histoire d’une gifle va changer la vie de toute une petite communauté. C’est presque la même chose qui se passe avec Days and Nights mais dans le registre plus familial. Peut-être que c’est la faute de la mise en scène, un peu trop sale avec la volonté d’être un poil indé sans parvenir à l’être pour autant. Là où le film réussi c’est justement là où l’on ne l’attend pas forcément. Notamment avec le drame qui va permettre au film de faire un véritable retournement de situation (la mort de l’oiseau). Côté casting, comme je le disais plus haut, certains acteurs pourtant talentueux sont terriblement mal exploités. Je pense à Jean Reno qui est limité par des dialogues hachés et pas toujours très intéressants. Cherry Jones et ses quelques interventions inutiles. Sans parler de Juliet Rylance qui a vraiment du mal avec son personnage. Mais il y a aussi des bons comme William Hurt qui impose son côté comique dès l’ouverture d’une porte ou encore Allison Janney qui semble prendre un malin plaisir au travers de son rôle. Enfin, il reste Ben Whishaw que j’aime beaucoup mais qui n’a pas l’occasion de montrer toute l’étendue de son talent, se contentant ici d’une prestation un peu passive.
Note : 4/10. En bref, avec un énorme potentiel, Days and Nights est finalement un film décevant.
Date de sortie : Directement en DVD