Comment poursuivre, ne pas arracher la page. Comment ne pas entendre, là, dehors. Et je ferais des vers ? Et je tiendrais des propos "littéraires" du ton léger de la baderne ? Aujourd'hui même la liberté du poème me semble insupportable. Si au moins l'on pouvait dire : OK, pouce, je ne joue plus, je file voir là-bas si j'y suis. Ailleurs, reconstruire ? Il n'y a pas d'ailleurs. Tout est là. Tout est combat.
La bureaucratie a fait un pacte avec le marché pour dissoudre tout ce qui nous était commun. Le technocrate abat dans l'ombre, silencieux vissé sur armes automatiques, le démocrate d'autrefois. La banque promet le tank. Nous sommes pris en tenaille par l'immensité de ce qui nous menace et notre veulerie sagement apprise sous des années de résignation. Consommés par notre propre consommation, nous n'avons rien vu venir.
Alors quoi, poète bureaucrate peut-être ? Un bonheur triste, collaborationniste ?
Pose la plume. Sonne l'alarme. Il n'est plus temps pour la beauté.