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LIGHTNING BOLT
On y était : Lightning Bolt au Trabendo
Publié le 15 juillet 2015 par
Hartzine
All photos © Emmanuel Lavergne On y était : Lightning Bolt, le 30 juin 2015 au Trabendo – Par Sébastien Falafel Lightning Bolt – soit l’un des plus légendaires duos fouteurs de zbeulh dans les conditions du live – a récemment publié Fantasy Empire sur Thrill
Jockey
(lire), pour le tarif habituel : l’auditeur s’avère sévèrement rudoyé par une riffaille barbare et nécessairement insensée ; c’est tout à fait excessif, parfaitement irraisonné, et, bien entendu, définitivement plaisant. C’est d’ailleurs pour cela qu’il fallait, comme à chaque fois que ces jeunes stoïques passent sur Paris, être présent au Trabendo, le 30 juin dernier, tant ces excellentes personnes ont sereinement ravagé une foule ferme et compacte, prête à recevoir les dures graines de la démence ensemencées à coups d’élégante batte par les deux américains de Providence. Car Lightning Bolt caractérise si bien ce mécanisme définitif, cet instant d’abandon : j’admire cette folle propension à taper crânement dans le lard, à produire toutes les bassesses de l’hystérie, incessantes remontées électriques d’énormes coups de semonce. On s’embourbe plaisamment dans les tumultueuses affres de l’irrémédiable dépense physique, c’est une enfantine sensation, lorsqu’on ne taille pas plus haut que trois pommes et que l’on souhaite ardemment s’exciter sur la première distraction venue, la bouffer toute crue, ne jamais s’en repaître, répéter inlassablement le même rituel, c’est profondément névrotique, mais superbement libérateur. Car au-delà de l’aspect tellurique que provoque la musique du duo, de l’immense délire épileptique qui jaillit de leurs amplis comme mille fantômes hurlants, se dessine cette très pure ambition d’une répétition sans fin, presque absurde, sans lendemain, avec pour seul objectif d’inlassablement se briser la face contre le même mur. Cette volonté cérémoniale et jusqu’au-boutiste d’atteindre la maximum de saturation, ce fait magnifique d’aborder le plus extrême de la transe à coups d’infatigables comme impossibles jeux de riffs et d’irrationnels coups de toms. Telle sera la teneur des quelques premiers morceaux joués ce soir, tous issus du dernier album, se plaçant avec une discrète noblesse dans la traditionnelle volonté du groupe de défoncer sans une once d’émotion toute forme de réflexion. Mais ce sera toujours sur ses vieilles gloires que Lightning Bolt fera paraître le
spectre
agile de l’excellence et de l’infini, à grands coups d’infamantes et monstrueuses vagues de frénétiques bourrinades, telles que cette fameuse et incroyable bombonne de vie qu’est Megaghost. Cet incroyable passage au milieu de ce morceau me filera toujours les plus électriques des frissons : cette ultime et définitive charge, lorsque la basse ne se contente même plus d’extorquer d’hystériques mélodies de ces quatre putains de corde mais terrasse librement le pêcheur de précieuses bastonnades et de mortels soubresauts, jusqu’à ne plus sentir que la terre qui vibre, qui s’écroule, qui s’effondre. C’est fantastiquement beau, c’est profondément resplendissant dans la mesure où le groupe ne fait que s’enfoncer et s’enterrer dans son délire terrible jusqu’au plus profond des entrailles d’une positive illumination. Même perception pour la paire de morceaux suivants, Colossus et son riff de damné qui pourrait aisément venir défier, le menton levé et les yeux brillants, une armée complète d’infâmes scélérats, et Dead Cowboy, avec cette si merveilleuse trace de lumière façon poussière d’étoile, qui vient sèchement sabrer la dynamique de pur jobard d’un morceau qui résume à lui tout seul la beauté d’un groupe comme Lightning Bolt : cette volonté sans cesse écrasante et toujours plus affirmée de vertement s’ensevelir sous une avalanche de gravats tremblants, sans bornes, sans limites, sans vision et sans espoir. Brian Gibson, le placide et mutique Brian Gibson, celui-là même qui projette des riffs aussi larges et lourds que des troncs d’arbres centenaires, n’apparait pas le moins du monde troublé par l’intenable cascade de ciment électrique ramonées par ses quatre grosses et grasses cordes, et ne bougera pas d’un sublime iota lorsqu’il entamera l’hymne perfide de toute une salle baignant sans déplaisir dans une intense sueur de joie :
Dracula
Mountain, dernier morceau du set, quasiment torché, mais porté aux nues par une masse globale d’imprudents venu gouter aux vertes remontrances d’un duo toujours aussi impressionnant, notamment l’illustre Chippendale, battant la mesure comme jamais et convulsant comme un possédé ses massifs bâtons à la main. Aucune surprise, le duo de Providence aura étalé le revers d’une main pleine de générosité, d’abondance, et, surtout, d’une parfaite et joyeuse brutalité à l’encontre de l’intégralité de la foule. Vidéo
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