Les classes populaires, et en particulier les ouvriers subissent de plein fouet la crise économique. Dans un récent sondage IFOP1, 82% d’entre eux confessent percevoir les effets de la crise dans leur vie personnelle et dans celle de leur entourage. La tension qu’ils ressentent se cristallise autour du chômage, du pouvoir d’achat et de l’immigration, autant de thèmes qui n’ont pas fait le succès des dernières alternances droite/gauche et qui les incitent à s’en remettre à une ultime alternative qui n’a pas encore eu « sa chance » aux rênes du pouvoir : le Front National.
Depuis le début de l’année, les sondages d’opinion montrent à la fois le rejet marqué des ouvriers pour l’exécutif et l’attrait croissant de cette catégorie socioprofessionnelle pour l’offre politique du Front National.
C’est en effet chez les ouvriers, que le chef de l’Etat recueille le moins de soutiens : selon un sondage IFOP2, 79% d’entre eux n’approuvent pas l’action de François Hollande comme Président de la République (contre 71% de la population au global). Le ressentiment des ouvriers à l’égard de l’exécutif se retrouve dans la méfiance qu’ils manifestent à l’égard du Premier Ministre : ils sont 59% à ne pas approuver l’action de Manuel Valls comme Premier Ministre (contre 49% de l’ensemble des Français). Plus que l’insatisfaction à l’égard d’une seule personnalité, c’est donc le couple exécutif dans son ensemble qui est particulièrement montré du doigt par les ouvriers.
La mauvaise image que nourrit cette tranche de la population envers l’exécutif contraste avec la bonne opinion qu’ils ont de Marine Le Pen. Selon un autre sondage IFOP3, 54% des ouvriers ont une bonne opinion de la présidente du Front National (contre 33% chez l’ensemble des Français).
Plus encore : par rapport au reste de la population, les ouvriers sont systématiquement plus bienveillants à l’égard des personnalités étiquetées Front National : ainsi Marion Maréchal recueille auprès d’eux 44% d’opinion favorables (vs 31% au global) tandis que Florian Philippot en rassemble 34% (vs 24% au global).
Le FN ne draine pas seulement vers lui la bonne opinion des ouvriers envers ses dirigeants, il attire aussi les souhaits de réussite dans les urnes. Pour les ouvriers, le vote FN est clairement en train de devenir un vote d’adhésion. Ainsi, 1 ouvrier sur 2 souhaite le succès du FN aux élections départementales au niveau national selon un sondage IFOP4. Quand il s’agit précisément de leur département, une enquête de l’institut CSA5montre que les ouvriers sont plus d’un tiers (37%) à souhaiter que leur département soit dirigé par Front National (contre 22% au global).
Et ce n’est pas tout : les catégories socioprofessionnelles populaires ne sont pas seulement le charbon électoral qui alimente les bons résultats du Front National, ils sont également présents au sein même de la « machine ». Parmi les candidats que présente le parti lepéniste aux élections départementales, 22,6% des candidats FN sont employés ou ouvriers du privé contre en moyenne 12,1% pour les autres partis6.
Cette présence des classes populaires « par le haut », additionnée à l’enracinement « par le bas » fait partie d’une stratégie électorale qui peut s’avérer payante lors des prochaines élections, compte tenu de la frustration de cette population vis à vis des exécutifs qui se sont succédé.
- http://www.ifop.com/media/poll/2964-1-study_file.pdf [Revenir]
- http://www.ifop.fr/media/poll/2960-1-study_file.pdf [Revenir]
- http://www.ifop.com/media/poll/2972-1-study_file.pdf [Revenir]
- http://www.ifop.com/media/poll/2952-1-study_file.pdf [Revenir]
- http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2015/opi20150319-Les-elections-departementales-Vague2.pdf [Revenir]
- http://www.ifop.fr/media/pressdocument/810-1-document_file.pdf [Revenir]