« Ouvrez la fenêtre ! » C’est irrespirable, c’est insupportable, du bas en haut, ce building où les mots sont ceux, creux, des discours de communiquants, langue de bois, langue de guerre, même si tu ne meurs pas, tu es en enfer. Coach de coach, du sous-sol au sommet, ça exploite, ça te prend ton travail et ça en change le contenu, ça fait des diagrammes à la place de tes camemberts. Ça fait croire aux pigeons que le ciel c’est la vitre et plus c’est haut, plus ils s’y jettent.
« Ouvrez la fenêtre ! » Ça prétend donner la parole mais ça ne fait que l’usurper et la chute est mortelle. Alors, on n’ouvre pas, on le voudrait qu’on ne pourrait pas : on n’a pas la clé. Mais qui a la clé ? Et ça ne sert à rien de se jeter d’un de ces étages supérieurs : « la plupart ne meurent pas car ils sont déjà morts »…
Ça, c’est une citation d’un autre temps, reprise par Lola Lafon dans une de ses chansons. Lola Lafon qui a écrit Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce, un roman auquel je pense au fur et à mesure qu’on monte dans les étages de ce building. Et quand on arrive au plus haut, quand c’est l’heure du cocktail et du discours qui perd les mots dont il s’enorgueillissait au début, c’est un spectacle de la Compagnie n°8 qui me vient en mémoire, Monstre(s) d’humanité. Et les pigeons continuent de se jeter contre les vitres…
J'ai vu ce spectacle, présenté par l'Atelier Théâtre dirigé par Jean-Michel Beugnet, à la MJC-Centre social de Chilly-Mazarin (91)