Les grandes puissances et l'Iran ont conclu mardi à Vienne, après 22
mois d'intenses négociations, un accord final sur le programme nucléaire
iranien, destiné à garantir la nature strictement pacifique de celui-ci
en échange d'une levée des sanctions internationales contre l'Iran.
Voici les principaux "paramètres" de l'accord :
LE "BREAKOUT TIME"
L'objectif est de porter à un an, au minimum, et pendant au moins
dix ans, le "breakout time", soit le temps nécessaire à l'Iran pour
produire suffisamment de matière fissile pour la fabrication d'une bombe
atomique, et de rendre une telle démarche immédiatement détectable. Ce
délai est actuellement de 2 à 3 mois.
L'ENRICHISSEMENT D'URANIUM
L'enrichissement d'uranium au moyen de centrifugeuses ouvre la voie à
différents usages, selon le taux de concentration de l'isotope U-235 :
3,5 à 5% pour du combustible nucléaire, 20% pour un usage médical et 90%
pour une bombe atomique. Cette dernière étape, la plus cruciale, est
aussi techniquement la plus rapide à réaliser.
- Le nombre de centrifugeuses de l'Iran passera de plus de 19.000
actuellement, dont 10.200 en activité, à 6.104 -soit une réduction de
deux tiers--, pendant une durée de 10 ans. Seules, 5.060 d'entre elles
seront autorisées à enrichir de l'uranium, à un taux ne dépassera pas
3,67% durant 15 ans. Il s'agira exclusivement de centrifugeuses de
première génération.
L'Iran pourra néanmoins poursuivre ses activités de recherche sur
des centrifugeuses plus performantes et en commencer la fabrication au
bout de huit ans, notamment des IR-6, dix fois plus performantes que les
machines actuelles, et les IR-8, 20 fois plus performantes.
- Téhéran va réduire à 300 kg, pour une durée de 15 ans, son stock
d'uranium faiblement enrichi (LEU), actuellement de 10.000 kg.
- Téhéran a accepté de ne pas construire de nouvelles installations d'enrichissement d'uranium pendant 15 ans.
- L'Iran a accepté de ne plus enrichir d'uranium pendant au moins 15
ans dans le site de Fordo, enfoui sous la montagne et de ce fait
impossible à détruire par une action militaire. Il n'y aura plus de
matières fissiles à Fordo pendant au moins 15 ans. Le site restera
ouvert mais n'enrichira pas d'uranium. Environ deux tiers des
centrifugeuses de Fordo seront retirées du site.
- Natanz: c'est la principale installation d'enrichissement
iranienne, avec quelque 17.000 centrifugeuses IR-1 de première
génération, un millier d'IR-2M plus rapides et une capacité d'en
accueillir au total 50.000. Téhéran a accepté que Natanz devienne son
unique installation d'enrichissement et de n'y maintenir que 5.060
centrifugeuses, toutes de type IR-1. Les centrifugeuses IR-2M seront
enlevées et placées sous contrôle de l'AIEA.
LE CONTRÔLE
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), déjà présente
en Iran, sera en charge de contrôler régulièrement tous les sites
nucléaires iraniens et voit ses prérogatives considérablement accrues.
- Le champ de compétence de l'AIEA s'étendra désormais à toute la
filière nucléaire iranienne, de l'extraction d'uranium à la
recherche-développement, en passant par la conversion et
l'enrichissement d'uranium. Les inspecteurs de l'AIEA pourront accéder
aux mines d'uranium et aux lieux où l'Iran produit le "yellowcake" (un
concentré d'uranium), pendant 25 ans.
- L'Iran a également accepté un "accès" limité à des sites non
nucléaires, notamment militaires, en cas de soupçons d'activités
nucléaires illégales, par les inspecteurs de l'AIEA dans le cadre du
Protocole additionnel au Traité de non prolifération nucléaire (TNP) que
le pays s'engage à appliquer et à ratifier.
LE PLUTONIUM
L'accord vise à rendre impossible la production par l'Iran de
plutonium 239, l'autre composante possible d'une bombe nucléaire.
- Le réacteur à eau lourde en construction à Arak sera modifié de
façon à ne pas pouvoir produire de plutonium de qualité militaire. Les
déchets produits seront envoyés à l'étranger pendant toute la durée de
vie du réacteur.
- Téhéran ne pourra pas construire de nouveau réacteur à eau lourde pendant 15 ans.
LES SANCTIONS
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit adopter très
rapidement une nouvelle résolution pour approuver l'accord et annuler
toutes les résolutions précédentes contre le programme nucléaire
iranien. Certaines mesures seront toutefois maintenues à titre
d'exception.
- Les sanctions américaines et européennes en lien avec le programme
nucléaire iranien et visant les secteurs des finances, de l'énergie
-notamment le gaz et le pétrole- et du transport seront levées "dès la
mise en œuvre" par l'Iran de ses engagements nucléaires, attestée par un
rapport de l'AIEA, soit probablement pas avant 2016.
- Les sanctions sur les armes de l'Onu seront maintenues pendant
cinq ans, mais des exceptions pourront désormais être accordées par le
Conseil de sécurité. Tout commerce lié à des missiles balistiques ayant
une capacité d'emporter des têtes nucléaires reste interdit, pour une
durée illimitée.
Source : Lorientlejour