L'économie collaborative fait aujourd'hui l'objet de toutes les attentions, venant rappeler un peu de leurs origines aux organisations mutualistes traditionnelles. Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que ces dernières cherchent à s'inviter dans la tendance. La création [PDF] de MAIF Avenir est l'une des dernières initiatives en la matière.
Conçue comme un véhicule d'investissement en gestion directe, cette filiale à 100% du groupe niortais sera dotée d'une enveloppe de 125 millions d'euros sur 4 ans, démontrant tout le sérieux de l'entreprise pour son géniteur. Elle représente la suite logique des premiers partenariats conclus avec Koolikar (location de voiture entre particuliers), Blablacar (covoiturage) ou encore GuestToGuest (échange de maisons et d'appartements). La stratégie annoncée par son directeur s'affirme donc sans détour : l'internet du partage et le mutualisme doivent avancer main dans la main.
L'enjeu pour la MAIF est d'autant plus important qu'elle mise sur cet engagement auprès des entrepreneurs pour accélérer sa propre transformation numérique. Ainsi, outre ses objectifs de participer à la création de nouveaux services pour ses sociétaires et d'atteindre les communautés d'utilisateurs qu'ils savent rassembler, elle manifeste également son ambition de mieux comprendre l'univers « digital », d'apprendre à devenir plus agile et de développer ses capacités d'innovation au contact des startups.
Un tel programme peut sembler pertinent pour une vieille dame de 80 ans, ayant accumulé quelques lourdeurs administratives et « techniques ». Il ne sera pourtant pas particulièrement aisé à mettre en œuvre avec une structure d'investissement, aussi riche soit-elle. Le risque de ce type d'approche est en effet de maintenir le vent du changement à l'écart du cœur de l'organisation et de ses collaborateurs, alors que ceux-ci doivent être les premiers concernés, de manière à instaurer la culture d'innovation désirée.
Alors, pour réussir, il faudra un peu plus que les millions promis – qui représentent, de toutes manières, une bonne nouvelle pour les jeunes pousses qui en profiteront – mais la cible n'est pas impossible à atteindre. Il faudra « simplement » veiller à ce que les investissements de MAIF Avenir s'accompagnent de collaborations étroites, mêlant intimement les métiers historiques de l'assureur et les innovations des startups, jusqu'à faire naître des concepts inédits dans lesquels chacun se reconnaîtra.
À suivre ?