« Elle se raconte sans tabous ». C’est la phrase que vous devez retenir. La phrase que vous devez retenir si vous lisez la presse people sur papier ou en ligne au sujet de Sophie Davant.
Le top départ de cette psychanalyse publique. Un entretien accordé par l’animatrice de Toute une histoire à Sept à huit. Côté contenu, Sophie Davant évoque son divorce, sa vie de femme quinquagénaire et son intervention de chirurgie plastique.
Côté analyse, on trouvera intéressant de voir la confesseuse se confesser elle-même. Un passage de l’analyseur vers l’analysé, une contamination dans l’envie de se livrer,etc….
Non, mais il y a plus que ça. Au-delà du récit autobiographique (il y a un livre) et de l’entretien sur TF1 qui sert de publicité aussi, il y a surtout cet avatar de la volonté de confession à l’oeuvre dans nos sociétés.
Si vous ne connaissez pas Foucault, l’actu autour de Sophie Davant est une occasion de vous y mettre. Michel Foucault explique dans La Volonté de savoir comment l’un des ressorts profonds des sociétés occidentales est dans le besoin de se confesser.
L’homme occidental, disait-il est une bête d’aveu. Cette tension psychologique qui nous fait penser qu’il faut dire, et dire c’est en majorité croit-on dire la vérité, est pour moi le motif principal de ce discours moderne de la confession publique orchestrée par la télévision.
Evidemment qu’on se fiche éperdument de l’histoire de Sophie Davant, mais ce jugement ne concerne que la substance de son vécu, c’est-à-dire rien du tout puisque précisément ce qui intéresse c’est l’élément social ou universel de ce qu’elle a vécu.
Les quincas se reconnaissent
C’est à eux que s’adresse ce discours de « vérité ». Il pourra mettre des mots sur un ressenti, celui de cette femme qui n’aime plus son mari, qui voudrait changer de métier, qui voudrait changer de vie.
Il ordonne une décision possible. Oui, alors on peut divorcer à 45 ans sans que l’existence soit remise en question, et quoi, comme Sophie, je pourrais peut-être masquer les signes du temps qui passe sur mon visage.
J’irais peut-être faire une chirurgie esthétique en Tunisie pour plaire de nouveau et si ce n’est pas pour plaire, c’est pour me plaire à moi-même et peut-être me lancer dans cette carrière dont j’avais envie à 20 ans.
C’est la « confession déclencheur », et si madame Davant est intelligente,elle aura compris que les sujets qu’elle évoque et les canaux de leur diffusion sont parfaits pour que son discours et le support qui les accueille soit acheté par les gens.