13 JUILLET 2015 | PAR FRANÇOIS BONNETL'euro a accouché d'un monstre politique. L'humiliant accord imposé à Alexis Tsipras le démontre une fois encore : il n'est pas de marges de manœuvre politiques possibles dans une zone monétaire devenue l'otage des idéologues du libéralisme.Depuis dimanche soir, le hashstag #ThisIsaCoup est l'un des plus suivis sur Twitter. De l'économiste Prix Nobel Paul Krugman à l'ancien ministre grec Yanis Varoufakis, en passant par le souverainiste français Nicolas Dupont-Aignant, le #CestUnCoup canalise les indignations contre l'accord imposé par les Européens à la Grèce en échange de son sauvetage financier.
Méthode insupportable
Il fut donc dit et répété, tant samedi que dimanche, que le monstre « Euro » ne pouvait faire confiance à Tsipras et son gouvernement. « La confiance est rompue », « Il n'y a a pas de confiance », ce fut le refrain entonné par les dirigeants allemands, néerlandais, ne parlons pas même des Slovaques et des Finlandais. Et c'est la première phrase de l'accord issu du sommet : « Le sommet de la zone euro souligne la nécessité cruciale de rétablir la confiance avec les autorités grecques, condition préalable pour un éventuel futur accord. »Dès lors, le plan grec présenté jeudi soir – propositions jugées « crédibles et sérieuses » par François Hollande – put être aussitôt déchiré – sans que la France ne trouve rien à y redire –, pour imposer à Tsipras la prise de pouvoir des institutions européennes. Peu importait samedi que ce plan grec porte des concessions majeures, des mesures d'austérité très importantes et des engagements de réformes multiples (lire ici l'article de Ludovic Lamant et Amélie Poinssot). L'essentiel était dans la délégitimation de Tsipras, la destruction de son mandat de négociation, le refus d'intégrer ce que venait de produire le jeu démocratique grec.- Le texte intégral de l'accord (en français) peut être lu ici