On vous en a déjà parlé dans le Portrait Chinois, Anna Mendieta est une artiste qui s’inscrit parfaitement dans notre thème du trimestre : le Nu Sauvage.
Originaire de Cuba, elle fuit le régime castriste dans son adolescence et passe la majeure partie de sa vie aux État-Unis. Son exil a soulevé des questions identitaires importantes et lui a permis de donner d’autant plus de force à son travail artistique.
Elle s’est aussi intéressée à des thèmes comme la féminité, le corps, la Nature et la spiritualité. Mendieta cherche à établir une conversation entre le paysage et le corps de la femme (symbole de fertilité et de maternité) et renouer le lien avec la Nature et sa dimension spirituelle.
En effet, ses œuvres évoquent les signes archétypiques et ésotériques des religions syncrétiques et des rites primitifs.
Dans notre société aseptisée, chaque détail pouvant rappeler à l’homme sa part d’animalité est mis à l’écart, presque rendu répugnant, incommode voire humiliant. On perd ce qui nous rattache à la Terre, à la Nature, à tout ce qui fait que nous sommes des êtres vivants comme les autres.
Facial Hair Transplant – 1972. Performance, New York, galerie Lelong
Ses premières oeuvres évoquent des questionnements sur les relations entre l’homme et la femme, l’esthétique féminine ou la place de la femme dans la société. Bientôt, son corps dénudé devient le centre de mises en scène où le sang joue un rôle cathartique.
La forme féminine nue introduite dans la nature devient ensuite caractéristique de sa production alors qu’elle développe son propre genre artistique, autobaptisé « earth-body art », qui peut être explicité comme une hybridation de deux mouvements des années 60 : l’earth art et le body art.
Ana Mendieta réalise en 1973 la première performance qui débute la série emblématique « Siluetas« . Son oeuvre prend place au sein d’une ancienne tombe Zapotèque (civilisation amérindienne précolombienne de structure matriarcale) dans la vallée d’Oaxaca au Mexique.
Allongée nue au fond de la tombe, recouverte de fleurs. Avec ce travail, Mendieta introduit une série de pratiques qui vont définir son travail tout au long des années 70. Fusionnant les impératifs des premiers travaux de Earth art de Robert Smithson avec ceux des performances féministes et du Body art, elle produit des pièces in situ et temporaires.
Par la suite, la forme humaine de ses « Siluetas » est suggérée simplement par un creux, un contour ou par un tas de terre. Ses formes féminines sont ensuite dessinées à l’aide de bâtons, de pierres, de fleurs, de boue, de feu et d’eau.
Encore aujourd’hui, Ana Mendieta est peu évoquée dans le milieu de l’Art, en partie à cause de sa mort prématurée. Décédée à l’âge de 36 ans (en 1985 à New York), elle n’aura pas eu l’opportunité d’approfondir son art et de lui donner une visibilité plus importante. Pourtant, ses problématiques sur le féminisme et la violence faite au corps féminin dans la société, l’identité et le métissage, ainsi que la question de l’importance de la Nature sont encore et toujours d’actualité.
Imagen de Yagul, séries Siluetas in Mexico 1973-1977 – Collection SFMOMA
We already talked about her in the Portrait Chinois, Ana Mendieta is an artist who impersonates perfectly our theme : the Nu Sauvage.
She was born in Cuba and fled the Castro regime during her youth. She then lived most of her life in the US. This exile raised important identity issues and gave her the opportunity to enrich her artistic work.
There are several other themes she was interested in : femininity, body, Nature and spirituality. Mendieta seeks to establish a conversation between landscape and woman’s body (symbol of fertility and motherhood) but also to revive the relation between nature and its spiritual dimension.
Indeed, her works discuss archetypal and esoteric signs from syncretic religions and primal rites.
In our sterile society, every detail which can remind us our animality are put aside ; considered disgusting, uncomfortable or even humiliating. We are losing what’s tie us to earth, nature and everything that makes us like every other living beings.
Her early works refer to the relationship between woman and man, the feminine aesthetic or woman’s place in society. Soon, her naked body becomes the center of the scene where blood plays a cathartic role.
Then, the naked feminine shape included in nature becomes characteristic of Mendieta production. She also develops her own artistic genre, « earth-body art « , which is a mix of two movements from the 60s: the earth art and the body art.
Ana Mendieta realizes in 1973 the first performance, which begins the « Siluetas » series. Her work takes place within an old Zapotèque grave (pre-Colombian Amerindian civilization with a matriarchal structure) in the valley of Oaxaca in Mexico.
Lying naked at the bottom of the grave, covered with flowers. With this work, Mendieta introduces a modus operandi, which is going to define her work throughout the 70s. Merging the imperatives of the first works of Robert Smithson‘s Earth art with those of the feminist performances and the Body art, she produces in situ and temporary pieces.
Afterward, the human shape in her « Siluetas » is simply suggested by a hole, an outline or by heap in the ground. The feminine forms are then drawn with sticks, stones, flowers, mud, fire and of water.
Even today, Ana Mendieta receives little attention from the artistic community, partially because of her premature death. She died at 36 (in 1985 in New York) and had no opportunity to deepen her art and to give it a more important visibility. Nevertheless, her reflection on feminism and violence that feminine body endures in our society, the identity and the mixed culture, as well as the importance of Nature, are still relevant.
Untitled (Silueta Series, Mexico), 1976
www.galerie-lelong.com
Article :
The Haunting Traces Of Ana Mendieta Go On View (NSFW) – The Huffington Post
Ana Mendieta, l’art de la terre et du sang – Le Monde