Dans leur traitement de la question migratoire, les médias font une part belle à l’immigration. Quant à l’exode rural on n’en parle quasiment jamais. Pourtant les deux phénomènes ont pratiquement les mêmes caractéristiques.
1. On y est contraint
Quitter définitivement sa patrie pour un pays lointain ou son village pour une grande ville implique l’idée de contrainte. En effet on aime trop le lieu où l’on est né et grandit pour se résoudre à le quitter sans envisager à y revenir un jour. C’est une situation où l’on n’a pas de choix. Les raisons sont diverses et ne sont pas strictement économiques contrairement à ce qui y paraît.
2. Deux phénomènes plutôt jeunes
Les personnes qui décident ainsi de partir ont en majorité l’avenir devant eux. Mariées ou célibataires elles ont, dans les deux cas, rarement la cinquantaine.
3. Deux phénomènes de masse
On connait les réactions outrées de l’opinion publique au sein des pays européens devant le flot continu d’embarcations transportant les migrants. On ignore cependant que les habitants des villes africaines ont les même type de réactions quand ils voient affluer des vieux camions surchargés en provenance des campagnes. Sur lesquels camions sont juchés des familles entières avec leurs balluchons.
Immigration et exode rural sont donc deux phénomènes de masse qui ne laissent personne indifférent.
4. Deux phénomènes risqués
Si le migrant africain ou asiatique, peu importe sa situation, n’est pas forcement le bienvenu où il veut à tout prix aller; le pauvre paysan ne l’est pas non plus, quand bien même il peut se prévaloir d’être un citoyen comme un autre.
Si le migrant peut perdre sa vie et ses économies le temps d’une traversée de la mer Méditerranée, le paysan qui veut s’installer en ville court le même type de risque. Il y a le risque d’accident sur des routes réputées être parmi les plus dangereuses du monde. Il y a également le risque de se faire prendre un de ses biens de valeur à chacun des nombreux barrages qu’on trouve sur ces routes( ne comptez pas sur nos policiers pour avoir pitié des pauvres gens).
5. Le retour à la case départ est pire qu’un échec
Peut-on convaincre un immigré qu’il a intérêt à retourner dans son pays? À moins de lui démontrer que les siens ne vont pas ensuite le railler. Il vaut mieux pour lui d’endurer la souffrance en Europe que de connaître l’ultime humiliation de revenir au point de départ.
De même l’ancien paysan accepterait difficilement de repartir vers le village natal quelque soit la dureté de la vie à Lubumbashi, Kinshasa ou Abidjan. Sinon que vont dire de lui ses anciens voisins de champ, ses oncles, ses tantes et ses frères?