Paroles de bénévoles : Marisol découvre le double univers de la nuit

Publié le 14 juillet 2015 par Asse @ass69014555

Durant six semaines, les étudiants du séminaire " Rendre Visible " de l'école d'architecture de Paris Val de Seine, dirigé par Elisabeth Essaïan, avec André Del et Sandra Ancelot, ont participé à une maraude aux côtés de nos bénévoles. Paroles de bénévoles à Marisol, qui découvre le double univers de la nuit en nous accompagnant le 11 avril dernier.

Par rapport à la connaissance préalable issue du rapport de l'APUR, j'ai pu vérifier que des hommes seuls âgés de 20 à 60 ans prédominent dans la rue. Néanmoins, il y a des couples et aussi des femmes seules mais dans un campement mixte. Il y a également autant de français que d'étrangers et une partie de sans-abris ont un emploi. Par exemple, une artiste fait des expositions de temps en temps.

De plus, les problèmes de santé pointés dans le rapport, ainsi que certains logiques de regroupement de vérifient en partie sur le terrain. Il est compliqué cependant de connaître l'âge et les problèmes de santé, surtout ceux liés à la toxicomanie, aux troubles psychiatriques. Quant taux campements, c'est surtout sous les arcades de la rue de Rivoli que je les ai retrouvés.

Ma première participation à la maraude a eu lieu le samedi 11 avril avec deux autres étudiants de notre groupe, Pauline et Tristan. Chacun d'entre nous a réalisé un parcours différent, couvrant trois secteurs. Cette expérience n'a pas été simple, mais ce qui en ressort avant tout c'est le sentiment d'être bien en train d'aider quelqu'un. On se montre en face d'une réalité qui n'est pas nécessairement devant nos yeux tous les jours. Je voudrais dire que j'ai rencontré aussi bien des personnes avec des problèmes mentaux ou physiques mais également des personnes en bonne santé. Il m'est apparu également que plus encore que la nourriture, les vêtements ou les kits hygiène distribués, ce que recherchent ces personnes c'est la chaleur humaine. Presque tous nous ont reçus avec éducation et gentillesse. Dans cet univers de la nuit deux mondes opposés émergent (celui des festifs et celui des sans-abris). Par ailleurs, on remarque des degrés d'intimité très différents d'un secteur à l'autre, comme par exemple sous les arcades de la rue de Rivoli. Parmi les expériences les plus significatives, je me souviens que quand je suis arrivée à la Gare de L'Est je ne savais pas comment agir. Mais un collègue qui m'a accompagné m'a aidé à contrôler la situation et cet appui solide qui existe entre les membres de l'Association en fait une réelle richesse.

Mais la vraie maraude a commencé quand nous nous sommes séparés par équipes et sommes arrivés en voiture à la recherche de personnes à qui venir en aide. Il y avait deux moments précieux : quand nous avons donné des chaussures à un jeune parce qu'il n'en avait plus depuis plusieurs semaines et circulait avec des patins à roulettes. Il les a testées et a commencé à danser avec joie. Et aussi quand j'ai trouvé Edison, un homme de langue espagnole avec qui j'ai pu discuter et apprendre des éléments de biographie. Edison a une femme, deux filles et un fils à Ecuador. Il parle au téléphone avec eux de temps en temps. Il a également de la famille en Europe: son père et sa mère sont en Suisse avec ses oncles. Sa sœur et son frère habitent la banlieue de Paris. Ils ont les papiers pour pouvoir travailler. Ils lui promettent de lui trouver un travail, même au noir, mais selon ses dires- " tout est bla bla bla ". Il a vécu avec sa sœur un temps, mais ne se sentait pas " libre ". Or, il veut être " libre comme les oiseaux "... Ensuite il a été hospitalisé (il y a quelques mois). Il est venu à Paris il y a trois ans pour travailler. Il m'a dit qu'il avait été trompé parce qu'il est arrivé dans l'espoir de pouvoir gagner plus d'argent. Il a travaillé un an " au noir " et son chef a été condamné à une amende de 2000 euros. Alors, il n'a pas de travail et pour pouvoir travailler a besoin de papiers. Il lui manquerait deux ans pour pouvoir avoir un passeport français (nationalité française). Toutefois, l'assistante sociale est en train d'accélérer la procédure. Il a un rendez-vous avec elle ce jeudi. Je lui ai demandé pour sa santé et il dit qu'il a mal au dos du fait de dormir dans la rue. Il va voir un médecin et c'est l'assistance sociale qui paye. L'assistance sociale lui a proposé des cours de français mais il n'est pas trop intéressé parce que le français est très difficile pour lui et se limite au <<Bonjour>>. Il espère pouvoir trouver un travail même s'il ne connaît pas le français. Mais il ne sait pas s'il va pouvoir attendre deux ans de cette manière... A la fin de la conversation il m'a déclaré son estime pour Sylvie, présidente de l'association Entraides Citoyennes.

À la fin de la maraude, un bénévole nous a raccompagné jusqu'à chez nous. J'ai été très bien reçue et entourée de bonnes personnes. Je souhaiterais recommencer une maraude et continuer les activités bénévoles.

La manière dont les espaces sont occupés sur les secteurs appréhendés. Ils sont occupés de la manière suivante :

  • Gare de l'Est: en debout autour de nous. (Hommes et femmes)
  • Rue de Rivoli: En groupe assis, un homme seul en train de dormir, un garçon seul avec les patins, en groupe assis avec les chiens et une personne seule dans le couchage. (Aucune femme).
  • Arcades de Rivoli : Il y avait un campement. En tout 30 personnes avec les tentes. Il y avait des couples, une femme seule et des hommes seules. Arcades Palais Royal : j'y ai rencontré Edison. Il était par terre avec le sac de couchage. Il y avait plus d'hommes comme lui.
  • Place du Louvre : Personne -Le rapport jour/nuit, population festive de nuit et les sans-abris. Les gens sont gentils. La majorité n'ont pas l'air d'avoir des problèmes de santé mentale, ni d'être ivre (contrairement à ce que l'on observe pendant la journée). En face on trouve la population festive que regarde la voiture de la maraude avec le cartel Entraides Citoyennes et ils nous regardent. Ils disent quelque chose entre eux et finalement ils partent.