C’est nous, disent-elles
C’est nous
Elles viennent de loin, de profond, d’avant. Elles ne sont pas parties. Même si, parfois, elles s’absentent. Quand elles viennent, elles exigent toute la place, sur le lit, sur l’oreiller. C’est chez nous. C’est ta chambre. Elles sont toujours plusieurs, ogresses, gaveuses, sacrifiées… N’expliquent rien, sont seulement là, disparues, dans l’absence d’où tu viens. Tu les cherches, et elles entrent comme chez nous, et la maison est une ruine derrière l’armoire. Tu entends leurs voix, ce qu’elles veulent c’est ton oreille pour loger dans le silence entre toi et le monde. Elles sont celles d’avant. Elles te disent responsables de leurs maux, de la ruine. Elles viennent au bord de ton sommeil. Il serait temps que tu t’endormes et que ton coeur s’envole.