Durant les dernières heures, aucune concession grecque n’a suffi et chaque heure nouvelle a vu une nouvelle surenchère pour empêcher la conclusion d’un accord. Angela Merkel réclame la capitulation sans condition sous peine d’exclusion, accompagnée par quelques gouvernements serviles. Berlin dévoile cyniquement son mépris de la démocratie – quand bien même se serait-elle exprimée par des votes massifs à Athènes – et son intention d’imposer l’hégémonie des marchés financiers. Fût-ce au prix de l’unité européenne.
Tout a été entrepris depuis des mois : les petits complots avec l’opposition grecque – pourtant responsable de toutes les malversations passées – pour renverser Alexis Tsipras, l’étranglement monétaire avec l’assèchement des liquidités bancaires, une guerre de la propagande déclenchée par les médias aux ordres. La France, enfin, a fait entendre une autre voix. Mais trop chevrotante. Pourtant, la bête immonde naît toujours des diktats, des humiliations et des misères semées. Terme à terme, c’est ce que veut imposer Berlin à la Grèce. Comme un exemple terrorisant pour tout le continent.
La violence glacée des oligarques et des hiérarques européens ne vise pas seulement les ouvriers du Pirée, les étudiants d’Athènes ou les femmes de ménage des services publics grecs. Elle cible par ricochets les cheminots allemands et les manifestants britanniques contre l’austérité, les jeunes Espagnols indignés et les progressistes français, les métallurgistes belges et les intellectuels italiens afin de décourager l’espoir d’une Europe de la solidarité, de la fraternité et d’une démocratie accomplie. Mais ce que la peur dicte peut aiguiser le danger. La fiction de la bonne volonté des dirigeants européens se dissipe. Un bras de fer de longue durée vient de s’ouvrir.