En cette période estivale, assez peu propice à la sortie de films à Oscars ou à Césars, on relève, surtout cette année, une vitalité incroyable du côté du cinéma d’animation, qu’il soit américain ou français. Vous remarquez d’ailleurs que l’on ne dit plus, depuis belle lurette, « dessin animé »… Les plus âgés d’entre nous se souviennent de l’époque où Disney régnait en maître absolu sur la production de films d’animation pour le grand public, avec des films que des armées de dessinateurs payés au mois réalisaient en gouachant des feuilles de celluloïd, travaillant à la Multiplane … Pendant ce temps-là, sortaient de temps en temps quelques films français au budget famélique, ou des productions des pays de l’Est ( tchèques, notamment ), fort peu vues par les enfants du monde occidental.
Mais le grand vent de l’histoire est passé, et, dès le milieu des années 80, on s’est mis, en Californie, à faire travailler les ordinateurs peu à peu l’image de synthèse s’est affirmée, et un grand souffle d’air frais a balayé les films plan-plan que les successeurs de Walt Disney proposaient au public aux vacances scolaires, à raison de deux ou trois films l’an. Parallèlement, en France notamment, beaucoup de jeunes créateurs, graphistes, dessinateurs, informaticiens sortis de la fameuse école des Gobelins ont monté des structures de production (style Folimage, par exemple), et ont intéressé un public adulte venant accompagner sans ronchonner ses enfants au cinéma. C’est ainsi que Michel Ocelot a créé le personnage de Kirikou, et a sorti l’animation des sujets anthropomorphiques : le message délivré par « Kirikou et la sorcière » n’est pas du tout le même que celui du « Roi lion »….
Aux USA, cette révolution est venue d’un studio, Pixar. Il y a vingt ans John Lasseter et ses complices ont commencé en fanfare avec « Toy story », et en passant par « Ratatouille » et « La haut », nous proposent aujourd’hui « Vice versa », un film qui réussit le prodige d’être à la fois encensé par la critique, et plébiscité par le public : le film est parti pour faire 70 à 80 000 entrées sur Toulouse. Qui aurait parié qu’on aurait pu faire un carton avec un film dont les héros ne sont pas des animaux qui parlent comme des humains, mais des sentiments : Tristesse, Joie, Colère ?
Mais il y a encore mieux : l’incroyable saga des « Minions », créés par le Studio Mac Guff, de Pierre Coffin, qui était responsable de « Moi moche et méchant ». Mac Guff est maintenant une entreprise franco-américaine qui compte 750 personnes, et l’alliance de la créativité française et de la puissance marketing américaine a fait des étincelles : 600 000 spectateurs pour la seule journée du mercredi 8 Juillet dans toute la France. Alors, bien sûr, on peut faire la fine bouche en disant que l’on a encore plus entendu parler du film dans les rayons alimentaires des supermarchés que dans les cinémas, mais quand la qualité et l’inventivité sont là… ne boudons pas notre plaisir.
Christian Seveillac
- Date
- Du 13/07/2015 au 20/07/2015
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