Depuis le temps qu’on le pressentait, il fallait que cela arrivât un jour ! Et le contrôle positif de Luca Paolini à la cocaïne est la confirmation qui renforce notre sentiment.
Trop forts, les Katusha, depuis la reprise 2014, avec Kristoff (12 victoires dont le Tour des Flandres), Joakim Rodriguez (4 succès dont le Tour du Pays basque et une étape du Tour de France à Huy), le revenant Zakarin (vainqueur inattendu du Tour de Romandie et d’une étape du Giro), l’omniprésent Spilak (Tour de Suisse) et Paolini, le vétéran italien disparu depuis deux saisons mais ressuscité ce printemps à l’occasion de Gand-Wevelgem. Un exploit qui le réinstallait dans l’actualité de façon impressionnante et spectaculaire, après avoir subi deux chutes et réussi à se dégager d’un petit groupe d’attaquants à cinq kilomètres de l’arrivée. Et cela dans des conditions épouvantables.
A 38 ans, Paolini semblait régénéré et retrouver une deuxième jeunesse après seize saisons chez les professionnels. Mais désormais la patrouille antidopage l’a rattrapé au soir de l’étape des pavés et son équipe l’a exclu du Tour. Une vilaine ligne (sans mauvais jeu de mots) qui éclabousse une carrière déjà entachée par l’Opération Athéna, en 2007, qui portait sur un trafic de produits dopants en Italie. Son domicile avait été perquisitionné mais, faute de preuves suffisantes, Paolini avait été blanchi en 2011.
Un accroc qui n’avait pas porté à conséquences car Paolini, particulièrement à l’aise dans les classiques flandriennes, affiche un palmarès remarquable avec de nombreuses victoires, surtout dans les épreuves d’un jour. Avec son expérience, il a longtemps été l’un des meilleurs et plus fidèles équipiers de Paolo Bettini avec lequel il a partagé quelques succès de prestige : Milan-San Remo 2003, JO 2004 à Athènes, Tour de Lombardie 2005, Mondial 2006. Entre 2003 et 2010, il fut l’un des piliers de la squadra azzurra aux championnats du monde sur route, participant notamment à la réussite d’Alessandro Ballan, en 2008, à Varese. Lui-même fut troisième au sprint en 2004 à Verone derrière Freire et Zabel.
Après avoir entamé sa carrière en 2000 sous le maillot Mapei, il avait suivi Bettini chez Quick Step en 2003, puis rejoint Liquigas en 2006. En 2008, il était descendu d’un échelon en signant pour Acqua & Sapone (continental pro) avant de retrouver le World Tour sous le maillot Katusha en 2011. Deux ans plus tard, il faisait sien le Het Nieuwsblad (ex-Het Volk, en Belgique), terminait 5ème de Milan-San Remo et gagnait la 5ème étape du Giro en enfilant le maillot rose. Puis la nuit était tombée sur ce vieux briscard qui entend collaborer avec l’UCI pour faire maintenant toute la lumière sur cette affaire qui l’accable à l’heure de la retraite. « Que ceux qui critiquent aillent se faire foutre ! », lance-t-il pour se dédouaner. Un cri du cœur ?
Bertrand Duboux