Une douce flamme fait suite à La mort, entre autres dont j’ai parlé dans un précédent billet. Nous sommes en 1950. Comme tant d’autres SS, mais pour des raisons différentes, l’inspecteur Bernie Gunther est forcé de fuir en Argentine. Il y sera malgré lui engagé dans une enquête sur la disparition d’une jeune fille. Il devra, pour ce faire, feindre de travailler pour les services secrets argentins. Le prétexte : déterminer si les réfugiés nazis qui grouillent à Buenos Aires et dans le pays comme des vers sur une charogne méritent l’obtention d’un passeport argentin et, de ce fait, la possibilité de voyager comme des hommes libres. Ce faux mandat doit procurer à Gunther l’ascendant nécessaire sur les « vieux camarades » pour forcer les aveux et ainsi tenter d’identifier le ravisseur. L’enquête dont est chargé Bernie lui rappelle une affaire non élucidée dont il avait été responsable à Berlin, en 1932. Au terme de nombreux interrogatoires et au risque de sa vie, l’inspecteur élucidera les deux affaires et en découvrira bien davantage, bien plus qu’il ne l’aurait souhaité…
En plus de nous offrir une intrigue bien ficelée, comme à son habitude, Kerr en profite pour nous faire revisiter une page d’Histoire, celle concernant l’accueil par le régime péroniste, admirateur d’Hitler, de milliers de nazis. Il évoque, entre autres, la possible existence d’un camp d’extermination Juif en terre argentine durant la guerre, les méthodes musclées de répression du régime, notamment celle consistant à éjecter les opposants d’un avion au-dessus du Río de la Plata, la vraisemblable mainmise des Perón sur une partie importante du butin nazi, l’appétit du dictateur pour les mineures.
Heureusement, l’humour de Kerr nous permet par moment de desserrer les mâchoires, de déglutir et de reprendre notre souffle.
Philippe Kerr, Une douce flamme, Livre de poche, 2008, 567 pages