Elle est loin, maintenant, l’époque de l’épopée foutraquement joyeuse et loufoque des Robins des Bois. A la place de cette folie douce que l’on aimait tant, Pierre-François Martin-Laval étale, avec Les profs 2, un humour gueulard, facile, bas du front dans lequel Kev Adams (que l’on a vu dans le très mauvais Kidon), pour lequel on avait quand même bonne espoir après Fiston, se vautre avec complaisance.
Cette fois-ci, l’équipe des « meilleurs profs de France » est recruté par les services secrets britanniques pour faire passer ses examens à la petite-fille turbulente de la reine.
Antoine Polochon (Pierre-François Martin-Laval), Maurice (Raymond Bouchard), Eric (Arnaud Ducret), Gladys (Isabelle Nanty), Amina (Stéfi Celma), Albert (Fred Tousch) et Serge Cutiro (Didier Bourdon vu dans Les trois frères, le retour)
Dès l’écran-titre, on est agressé par la mise en scène criarde émulant une sorte d’Austin Powers à la française. L’introduction type briefing, avec écran d’ordinateur simulé et tout moche, est absolument dispensable et désagréable mais donne le ton de ce que sera le film : une accumulation de blagues grossières scandées en hurlant et baignant dans une esthétique à mille lieu de la bande-dessinée originelle. A mille-lieux de la bande-dessinée tout cour d’ailleurs. L’humour de Pica et Erroc, s’il est irrigué par les clichés habituelles à propos de nos valeureux fonctionnaires de l’Éducation Nationale n’en pose pas moins un regard tendre et décrit parfois des situations dans lesquels se reconnaissent réellement les instituteurs. L’adaptation de Pierre-François Martin-Laval fait l’impasse sur la difficulté du métier et son aspect aliénant pour distiller un humour beauf et limite réactionnaire.
Gladys (Isabelle Nanty)
Il y a bien le personnage de Vivienne (Gaia Weiss) qui attire notre sympathie par son côté punk époque Sex Pistols et ce moment où elle envoie valser la Reine-mère. Mais cet instant qui aurait pu être réjouissant reste caricatural à souhait et tombe à l’eau. Véritablement, la seule direction d’acteur qui a eu lieu a dû tenir dans une unique directive : soyez hystériques ! Alors, il y a des réalisateurs qui excellent dans ce genre comme le japonais Sono Sion (rappelez-vous l’exaltant Why don’t you play in hell ?) et puis il y a Pierre-François Martin-Laval. Les profs 2 tente de masquer son manque d’inspiration en obligeant ses acteurs à une surenchère de hurlements. Crier, ce n’est pas marrant, c’est juste fatiguant. Reste également que Les profs 2 appuie surtout sur des blagues racistes à l’encontre de nos cousins d’Outre-manche. Et à vrai dire, nous, on aime rire de tout. Mais la majorité de ces blagues sont éculées, déjà-vues et il vous suffirez d’aller à votre réunion de famille dimanche pour que votre vieille oncle alcoolique vous résume le film sans l’avoir vu.
Boulard (Kev Adams)
Oublions que les professeurs, de plus en plus mal-aimés de l’opinion publique alors même qu’ils forment le cœur de notre République sont mis à mal ici mais crions notre dégoût qu’il le soit avec si peu de goût !
Boeringer Rémy
Pour voir la bande-annonce :