Mary Kubica : Une fille parfaite

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Une fille parfaite de Mary Kubica 3,75/5 (05-07-2015)

Une fille parfaite (390 pages) est sorti le 29 avril 2015 aux Editions Harlequin dans la collection Mosaic (Vidéo de présentation ici)

L’histoire (éditeur) :

« Je la suis depuis plusieurs jours. Je sais où elle fait ses courses, où elle travaille. Je ne connais pas la couleur de ses yeux ni comment est son regard quand elle a peur. Mais je le saurai bientôt. » Incapable de dire non au séduisant et énigmatique inconnu qu’elle vient de rencontrer dans un bar, Mia Dennett accepte de le suivre jusqu’à chez lui. Sans savoir qu’elle vient de commettre une grave erreur. Et que rien, jamais, ne sera plus comme avant.

Mon avis :

Le point fort de ce livre est sa narration car Mary Kubica a fait le choix de l’exploser. Elle alterne trois narrateurs (Eve Denett la mère de Mia, Gabe Hoffman l’inspecteur et Colin Thatcher le kidnappeur). Un peu perturbante (ou du moins surprenante) au début, cette combinaison ne joue absolument pas pour autant sur la compréhension. Au contraire, on est bien immergé dans l’histoire au final que ces allers-retours permettent une meilleure implication et surtout d’intensifier notre rapport aux personnages que l’on cerne de mieux en mieux.

Difficile à lâcher, Une fille parfaite est un vrai Page-turner. Les chapitres sont très courts, ça va vite et les flash-back permettent de ne pas offrir une intrigue classique linéaire. C’est aussi peut être plus efficace dans la mesure où l’auteure nous offre une vision plus complète des personnalités en présence.

Le coté thriller (lié à la disparition inquiétante de Mia) s’efface progressivement mais la lecture gagne en intensité sur d’autres aspects. Pas de mystère sur le sort de la jeune fille autonome de 25 ans issue d’une riche famille, fille du célébré et imposant Juge Benett), car on sait très vite qu’elle sera retrouvée saine et sauve. Mais dans quelles circonstances ? Que cache son amnésie ? Pourquoi  est-elle persuadée d’être Chloé, avec les  souvenirs de la vraie Mia mais des habitudes et un comportement différents ?

« C’est ma fille, et en même temps ce n’est pas ma fille. C’est Mia, mais elle n’est pas Mia. Elle lui ressemble, mais elle porte des chaussettes, boit du café et se réveille en sanglotant au milieu de la nuit. Elle répond plus vite au nom de Chloé qu’à son prénom de baptême. Elle semble vide, endormie quand elle est réveillée, éveillée quand elle devrait dormir. »

C’est dans cette optique que l’auteure développe son roman et utilise cette narration particulière. Ça marche bien car différentes facettes de Mia sont ainsi développées, tout en gardant une part de mystère.  En choisissant précisément certains narrateurs (et en en laissant d’autres muets), le suspens  est conservé jusqu’au bout avec même une surprise de taille à la fin.

Mary Kubica explore le syndrome de Stockholm (autant que le syndrome de Lima) avec force, sans tomber dans l’extrême ni le fleur-bleue. Nos sentiments vis-à-vis des personnages évoluent (en bien ou en mal) grâce à cette proximité que l’auteure instaure, et aux confidences que se font de plus en plus présentes. On s’éloigne ainsi peu à peu de l’image stéréotypée qui m’inquiétait au début du livre.

Les relations familiales, les apparences (souvent trompeuses), la solitude et le besoin de perfection argumentent l’intrigue et consolident ce puzzle psychologique étonnant.

Habilement tricoté (une maille en avant, une maille en arrière), une fille parfaite se dévore en jouant sur notre empathie et notre confusion.

Ce n’est pas un coup de cœur mais c’est un roman que je ne recommande pas pour son coté trépidant (même si sa lecture reste vive), mais plus pour son intrigue surprenante, finalement plus émouvante et subtile qu’inquiétante.