Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.
Édition Milady/538 pages / juin 2015/ 18,20€
Nadia Hashimi expose dans La perle et la coquille la situation drastique dans laquelle les femmes afghanes sont enfermées, quelles que soient les époques. À travers ce roman, nous suivons une lignée de femmes qui ne jouissent d'aucune forme d'indépendance. Elles sont considérées dans ce pays patriarcal comme de simple bien matériel passant de famille en famille.
Les femmes afghanes sont contraintes de se marier dès leur plus jeunes âges (12 ans) et n'ont, évidemment pas le choix dans leur futur époux. Soumises à leur mari et à leur belle-mère ; elles sont quasiment réduites en esclavage: s'occuper des repas et des tâches ménagères et faire des enfants (et plus particulièrement des fils pour pérenniser la lignée).
L'homme a la permission d'avoir quatre épouses à la fois, entraînant coups bas et jalousie entre les concubines. Il peut tromper ses épouses contrairement à une femme qui se fera lapider dans le même cas de figure!
Ce livre poignant nous montre à quel point la situation est inégale, inhumain e pour ces femmes. Elles sont privées de leur indépendance et de leur intimité.
Dans cette lignée de femmes afghanes, nous suivons plus précisément deux destins : celui de Rahima et celui de Shekiba.
Rahima fait partie d'une fratrie qui ne compte que des filles. Son père, toxicomane, vit cette situation comme une humiliation. Raisa, son épouse ainsi que Shaima -la soeur de cette dernière- décident de transformer Rahima en , c'est-à-dire en garçon jusqu'à sa puberté.
Shaima profite de cette opportunité pour raconter à ses nièces l'histoire de Shekiba, leur arrière-arrière-grand-mère, elle aussi contrainte pendant un temps d'être une fille-garçon.
En alternant les deux récits, l'auteure tente de nous montrer que l'histoire semble se répéter malgré la séparation temporelle entre nos deux héroïnes. Il s'avère très difficile de modifier les traditions " ancestrales " et de modifier les mentalités même en plusieurs décennies! Les femmes sont toujours battues, les personnes handicapées ou mutilées sont mises à l'écart de la société, les lois semblent à nos yeux d'européen venues d'un temps " moyenâgeux "..
En dépit des nombreux obstacles entravant leurs vies, Nadia Hashimi souhaite tout de même souligner dans ce roman la volonté des femmes afghanes qui se battent pour survivre, rompre leurs chaînes et choisir leur destin.
Tu crois être la seule fille qui aurait dû hériter d'une terre? Mes frères ont divisé la nôtre et pas un centimètre carré n'a été considéré comme mon héritage. Voilà comme cela se passe! Soit tu acceptes, soit tu meurs. C'est aussi simple que ça (page 177)
Que dire de plus? Nadia Hashimi possède un talent de conteuse hors pair! Ce roman m'a ému, m'a déchaîné mais il m'a également donné foi en un avenir meilleur pour ces femmes . C'est un livre essentiel qui soulève les disparités de la condition féminine à travers le monde.
En tant que femme, il m'est impossible de rester de marbre face à la détresse des femmes non occidentales. C'est un sujet qui me tient particulièrement à cœur et je continuerais à lire des romans ou des témoignages similaires. Je pourrais par exemple me pencher sur les œuvres de Khaled Hosseini ou d' Elif Shafak !
Merci à et à l'éditeur pour cette excellente découverte!!Un roman qui me marquera pendant très longtemps !!!♥