De Hon.yama, je passe une autre très célèbre région productrice de thé de montagne de Shizuoka, Kawane-honchô.
J'avais déjà pour la saison 2014 présenté un thé de M. Tsuchiya, un sublime petit Oku-hikari, qui refera son apparition en millésime 2015 après quelques mois de maturation.
En attendant, c'est un sencha un peu plus haut de gamme, un splendide Yabukita, que je présente aujourd'hui. Autant le dire tout de suite, au même titre que les sencha de Tamakawa, ou même celui de Ôkawa, celui-ci est un immanquable !
Le domaine Tsuchiya, à environ 600 m d'altitude, n'est pas bien grand, l'usine est minuscule (peut être bien la plus petite que qu'il m'ait été donné de voir jusqu'à présent), une ligne de 35K (aujourd'hui les petites exploitations fonctionnent en général avec une ligne de 60K).
Ce Yabukita est d'abord visuellement très agréable. Feuilles fines et longues, uniformes. Au toucher elles sont soyeuses, coulent entre les doigts avec fluidité. Elles savent flatter le nez aussi. Leur parfum n'est pas envahissant, mais il est frais et printanier, sucré sans torréfaction forte, bref du très bon Yabukita, un excellent parfum de sencha.
Les vrais bons sencha ne sont pas difficiles à préparer. Un minimum de bon sens et le résultat sera toujours acceptable. Avec celui-ci je dirais néanmoins très simplement un 70°C, pour une minute.
On se noirait dans cette liqueur dorée tant elle est limpide et envoutante.
La pureté, le velouté des arômes, leur force aussi, leur longueur en bouche, sont les caractéristique de ce sencha.
Aucune agressivité dans la première attaque, pourtant la densité des arômes qui se développent alors sur le palais est remarquable. Bien sûr, avec Yabukita il n'y a pas d’excentricité, mais l'harmonie entre la douceur, l'umami, les notes fuitées, la pointe d'astringence, est simplement un délice rare. La longueur en bouche n'en fini pas, très forte, l'after est d'une puissance incroyable, mais le tout garde pourtant une sorte de délicatesse touchante, moins brute que ce que l'on trouve avec mes Hon.yama.
Cette limpidité reste le fil condicteur sur de multiple infusion. La liqueur elle-même reste d'une beauté sans faille, mais les arômes aussi jamais ne se troublent d'astringence ou d'amertume. Toujours puissant en bouche, dans la gorge, ce thé vert reste toujours soyeux et fin.
Au bout de quatre ou cinq infusions, on n'hésite entre s'en refaire une session à partir de nouvelles feuilles, ou bien au contraire, "revoir ses classiques" et procéder à une petite dégustation comparative avec un Yabukita de Hon.yama (Yokosawa ou Okawa-Oma), ou de Tenryû (mais ça ce sera pour octobre...) pour les terroirs de montagne de Hon.yama, ou bien même plus bas en bord de mer, un Yabukita de Nihon-daira.
Tous les thés de ma sélection sont pour une raison ou une autre une "recommandation", mais tous n'ont pas le même niveau de priorité. Celui-ci est tout en haut de la liste, à découvrir essayer absolument, aussi bien pour ses qualités propres, que pour l’élément important de compréhension du thé japonais qu'il apporte.