L’intervention de l’armée à Ghardaia se précise. Le président Bouteflika
a décidé, mercredi, de mettre en place la haute Commission sécuritaire
et militaire. Elle est « chargée de travailler en coordination avec la
quatrième région militaire pour suivre la situation au niveau de la
wilaya » de Ghardaïa, confrontée aux violences intercommunautaires.
Selon un communiqué publié ce jeudi 9 juillet sur la page officielle
Facebook du Premier ministre, le chef de la quatrième région militaire
est autorisé « à décréter un couvre feu partiel dans les zones et les
quartiers chauds en coordination avec la haute commission sécuritaire et
militaire ».
Mercredi, M. Bouteflika avait tenu une réunion consacrée à la
situation prévalant à Ghardaïa. Cette réunion a regroupé le Premier
ministre Abdelmalek Sellal, le ministre d’État directeur de cabinet de
la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, et le vice-ministre de la
Défense nationale, Chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaid Salah. Ce
dernier a chargé le commandant de la 4e région militaire de superviser
l’action des services de sécurité et des autorités locales concernées
pour le rétablissement et la préservation de l’ordre public à travers la
wilaya de Ghardaïa.
Ghardaïa : exposer inutilement l’armée
Après avoir laissé la situation pourrir durant plusieurs mois à
Ghardaïa, le pouvoir s’est enfin réveillé. Après une journée
particulièrement meurtrière – une vingtaine de morts et plusieurs
dizaines de blessés -, le président Bouteflika a convoqué une réunion
d’urgence pour annoncer une série de mesures.
La première concerne l’aspect sécuritaire du problème. Le chef de
l’État a chargé le commandant de la 4e région militaire de « superviser
l’action des services de sécurité et des autorités locales concernées
pour le rétablissement et la préservation de l’ordre public à travers la
wilaya de Ghardaïa ».
L’armée, à travers cette instruction, sera inutilement exposée. À la
fois sur le plan symbolique et opérationnel. Symboliquement, le rôle de
l’armée nationale est de combattre les ennemis de l’Algérie. Or, hormis
le terrorisme, l’Algérie n’a pas d’ennemi intérieur. À Ghardaïa, les
deux protagonistes ne sont pas des ennemis. Ils n’arrivent plus à vivre
ensemble et ce n’est pas en envoyant des militaires patrouiller dans les
rues de la ville que ce problème sera résolu. Il faudrait chercher
d’autres solutions, en discutant avec les vrais acteurs locaux et non
avec de faux notables qui n’exercent plus aucune influence sur les
populations locales.
Ensuite, d’un point de vue opérationnel, l’armée n’est pas le corps
de sécurité le mieux adapté à cette situation. Une armée sait faire la
guerre, conquérir ou défendre un territoire. Dans le cas de l’armée
algérienne, c’est surtout la seconde mission qui prime. Mais les
militaires ne savent pas faire du maintien de l’ordre. Même les armées
modernes ne savent pas le faire. Une fois un territoire conquis ou
libéré, ce sont d’autres structures, comme la police et la gendarmerie,
qui prennent le relais pour gérer cet aspect.
À Ghardaïa, la police et la gendarmerie doivent retrouver leurs
missions et travailler en toute autonomie, loin des ordres des
militaires, mais sous l’autorité de la justice. Une justice, elle-même
renforcée. La décision du président Bouteflika va exposer inutilement
notre armée et affaiblir les autres institutions que sont la police, la
gendarmerie et la justice.
Source : TSA-Algerie