Bussi, une comédie musicale juke-box déjantée ressuscite le délire des années 80

Publié le 09 juillet 2015 par Luc-Henri Roger @munichandco

Le Theater-am-Gärtnerplatz termine la saison en feu d´artifices avec la création de Bussi- das Munical (en français Bisous, une comédie munichale), une comédie musicale qui recrée l´ambiance délirante du clubbing des années 80. Bussie a été conçue par Thomas Hermanns, un présentateur télé, comédien et producteur de comedy shows très connu en Allemagne, qui lui doit notamment son célèbre Quatsch comedy show. Ouvertement gay, il s´est marié avec son compagnon en 2008.
Bussi est une comédie musicale juke-box. Le Jukebox musical a été inventé dans les années 40 et consiste à créer un spectacle en assemblant des chansons existantes pour en constituer l´intrigue, en en modifiant éventuellement le texte pour partie. Mamma mia, basé sur les chansons d´Abba ou We will rock you, sur celles de Queen, en sont les exemples les plus connus. Pour Bussi, Thomas Hermanns a utilisé 16 chansons de la nouvelle vague allemande (Neue deutsche Welle) dont beaucoup sont bien connues du public. Cette nouvelle vague s'est d'abord déployée de manière underground avant d'être récupérée par les grands labels allemands et de devenir une tendance principale de la musique populaire. On y retrouve des artistes comme, entre autres,  D.A.F., Die Krupps, Andreas Dorau, Falco, Nena, Alphaville, Pierre Schilling, Silent Circle, Ideal, Trio, Tauchen-Prokopetz, Klaus Nomi, dont certains se retrouvent dans la liste des chansons assemblées par Thomas Hermanns.
L´action se déroule dans le Munich des années 80: des gens en vue, des étudiants,  des gays, des artistes, des punks se retrouvent la nuit dans le club branché de la capitale bavaroise, le club Bussi. Ils y sont accueillis par un videur, Schorsch (Georges en bavarois), qui opère une sélection à l´entrée. Ritchie, un étudiant fraîchement débarqué de sa province, plutôt beau gosse, parvient à obtenir le précieux sésame avec son copain Thilo. Au bar, il fait la connaissance de la barmaid Stella, qui ne se montre pas insensible à ses charmes. Stella, sa collègue Barbie et le styliste Heli, font pour ainsi dire partie des meubles du Bussi. Une relation se noue, mais la vie de  club ne rend pas ces amours faciles, il y a l´alcool, la drogue, les cancans et surtout la jalousie de l´ex petit ami de Stella, le journaliste Wolf Wahn, qui, malgré qu´il n´est plus avec Stella, se montre jaloux et tend un piège au jeune homme en vue de le ridiculiser. L´amour sera bien entendu vainqueur. La vie très colorée des noctambules ne plaît pas à tout le monde, spécialement pas à la société bavaroise traditionnelle qui s´habille fièrement en Tracht et en Dirndl et qui rejette les nouvelles moeurs. Heureusement la Déesse de la Tolérance veille, Bavaria Toleranta, qui, grâce à sa sagesse et à sa bonhomie, parvient à réconcilier les uns et les autres en faisant régner un esprit d´accueil et d´ouverture.
Pour les besoins du spectacle, la Reithalle de Munich a été réorganisée en club Bussi, redécorée par Miriam Bush. Le public est reçu à l´entrée par le portier du club, Schorsch, qui sélectionne les heureux élus admis dans la boite de nuit. Par chance, tout le public a été admis. La salle est entourée de gradins, séparés par des podiums, où prend place le public. Un des  côtés est occupé pour partie par huit musiciens avec leurs batteries, leurs guitares électriques et trois trompettes ou trombones à coulisse, et pour partie par une scène où une partie de l´action se déroule. Au centre le bar et la piste de danse du club. Les couleurs flashys, l´originalité et la provocation règnent en maitres. Chacun veut exprimer son individualité par des costumes plus originaux, plus provocants, plus à la mode les uns que les autres. et le costumier du spectacle, Andreas Janczyk, s´en est donné á coeur joie pour ses créations de costumes et de coiffures  plus délirants les uns que les autres: d´incroyables cretes punk voisinnent avec des costumes de dandys, des gays en cuirs cotoyent des grandes folles en travestis délirants melant le kitsch et le grotesque sexuel, Janczyk crée un monde éclaboussé de couleurs. Et le spectacle se déroule en danses et en chansons, superbement chorégraphées par Alexandra Martens: cela danse sur scène et le public se trémousse sur les sièges en scandant la musique. 
Chansons et dialogues se succèdent, interprétées par d´excellents comédiens chanteurs, avec, en star absolue de la soirée, une extraordinaire chanteuse, Sabrina Weckerlin qui interprète le rôle de Stella, faisant couple de scène avec   le délicieux Ritchie (Benjamin Sommerfeld). Pour la Grande Déesse, Bavaria Toleranta, le Theater-am-Gärtnerplatz a fait appel à une actrice bavaroise prestigieuse, Marianne Sägebrecht, mondialement connue pour avoir interprété le rôle principal du film culte Bagdad Café (dont le titre original est Out of Rosenheim) ou encore pour sa participation à la Guerre des Rose, une grande dame dont l´immense charisme convient parfaitement pour interpréter la Déesse bavaroise de la tolérance.
On passe une soirée délirante à ce spectacle qui nous replonge dans l´ambiance libre et déjantée des nuits des années 80, avec son déluge de couleurs et ses musiques entraînantes, un spectacle qui donne l´envie de chanter avec les comédiens, ce dont le public ne se prive pas. Thomas Hermanns a réalisé là une comédie musicale géniale, un spectacle aux rouages parfaitement huilés, consacré par une standing ovation et des applaudissements sans fins. Rien que du bonheur!
Jusqu´au 17 juillet á la Reithalle. Quelques rares places restantes.
Crédit photographique: Christian POGO Zach