Toujours en vacances, je me suis prêtée au petit jeu du pantoum pendant les quatre dernières nuits.
Naturellement, il ne s’agit pas de rivaliser avec les illustres poètes dont je parlais hier, mais juste de s’amuser et d’essayer de faire quelque chose qui se tient.
Etant une grande timide, cela m’a semblé être un bon thème pour cet exercice.
Voici donc mon poème, en neuf strophes sur deux rimes.
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La Timide
– Pantoum –
Léger handicap, bénigne névrose
J’ai au fond du cœur ce petit muret
Qu’il faut enjamber – du moins il faudrait
Demain j’essaierai, maintenant je n’ose.
J’ai au fond du cœur ce petit muret
S’il faut m’exprimer je me décompose
Demain j’essaierai, maintenant je n’ose
Ah, vivre autrement, sans frein, sans apprêt !
S’il faut m’exprimer je me décompose
Comme si la vie était à l’arrêt
Ah, vivre autrement, sans frein, sans apprêt !
J’attends pour bientôt ma métamorphose
Comme si la vie était à l’arrêt
Ne valant pas mieux que ne vaut ma prose
J’attends pour bientôt ma métamorphose
Moi qui ne suis pas telle qu’il parait
Ne valant pas mieux que ne vaut ma prose
J’ai toujours cet air modeste et discret
Moi qui ne suis pas telle qu’il parait
Ah mais nul ne peut voir sous mon front rose !
J’ai toujours cet air modeste et discret
Pour peu qu’un désir sur mon cœur se pose
Ah mais nul ne peut voir sous mon front rose
Et l’on me prend pour quelqu’un de distrait
Pour peu qu’un désir sur mon cœur se pose
Mon corps effrayé se met en retrait
Et l’on me prend pour quelqu’un de distrait
J’implose, plutôt que je ne m’impose
Mon corps effrayé se met en retrait
Comme un végétal – muguet, laurier-rose
J’implose, plutôt que je ne m’impose
Et mon esprit tourne en rond sans arrêt
Comme un végétal – muguet, laurier-rose
J’ai du moins vécu ma vie en secret
Et mon esprit tourne en rond sans arrêt,
Léger handicap, bénigne névrose.