Nous sommes allés voir Amy qui sort aujourd’hui en salle, un documentaire déroutant retraçant la vie tourmentée de la célèbre chanteuse de jazz : Amy Winehouse.Le réalisateur, Asif Kapadia, nous offre un accès VIP dans l’intimité singulière de la diva. Au cocktail : sexe, drogue et jazz, de quoi émoustiller tous les fans attristés et sans nouvelles depuis la mort soudaine de leur idole au mois de juillet 2011.
Alors que Cobain : Montage of heck, documentaire sur Kurt Cobain se concentrait davantage sur une lecture linéaire de la vie du chanteur de Nirvana, Asif Kapadia a voulut, quant à lui, se plonger dans les méandres profonds de la psyché d’Amy, au risque de nous offrir une chronologie des événements marquants de sa vie quelque peu décousue mais terriblement révélatrice des multiples maux dont elle souffrait.
Amy Winehouse
Tout commence par une présentation des motivations d’Amy pour se lancer dans la musique. Au travers de plusieurs interviews, on apprend que la jeune chanteuse regrettait amèrement l’époque des grand chanteurs de West Coast Jazz, comme Tony Bennett ou Frank Sinatra, ce qui la poussa à créer la musique qu’elle aurait voulu écouter à la radio étant petite. Si Amy a connu, à ses débuts, des concerts à moins de 30 personnes, sur des scènes miteuses du quartier d’Enfield, il n’y a qu’un sourd qui ne saurait pas comprendre tout l’ampleur de son talent. Dès les premières notes, nous sommes directement envoûtés par cette voix roque et profonde qui excelle en scat comme dans la maîtrise de la rythmique jazzy. Mais en plus, d’être une jazz girl hors pair, Amy écrit ses propres textes qui s’inspirent directement de sa vie privée.
Amy Winehouse
C’est en cela que le documentaire présente une originalité. Asif Kapadia sélectionne chaque instant crucial de la vie d’Amy et fait instantanément le lien avec chacune des musiques qu’elle compose, comme le passage montrant son amour démesuré pour Blake Fielder-Civil, son copain de l ‘époque qui la quitta pour une autre et dont la souffrance d’Amy inspira le tube « Back to Black ». A cet instant, on se rend, rapidement, compte que la musique n’est pas que, pour elle, une passion du dimanche, mais inexorablement un dépotoir émotionnel. Si de prime abord cette fille souriante et sympathique semble avoir reçu toutes les cartes en main pour être heureuse, la réalité est bien différente. Amy souffre depuis le divorce de ses parents d’un grave trouble alimentaire, la boulimie, qui ne la quittera pas jusqu’à son dernier souffle. Notre diva a tout d’une personnalité borderline. Entre héroïne et whisky son cœur balance à tel point les médecins la mette très vite en garde sur la fragilité de ce dernier.
Amy Winehouse
Ses problèmes auto-destructeurs s’intensifièrent lorsque sa notoriété explosa et la petite fille fragile qu’elle était se détériora davantage. Entre un père mercantile qui ne s’intéressa à sa fille qu’à partir du moment où elle fût connu, son petit ami Blake dont la relation passionnelle l’amèna à tous les excès, et le harcèlement qu’elle subit de la part des paparazzis, Amy sombra, de plus en plus, dans les drogues durs. Et ce ne sont pas ses cures de désintoxication qui l’aideront comme elle en parlait, très justement, dans sa chanson Rehab. A tel point que même après avoir gagné 6 Grammy Awards elle confia à sa meilleure amie « que tout est nul sans l’héro ».
Amy Winehouse
Amy Winehouse fût avant tout une personne très mal entourée avec des managers ne pensant qu’à l’appât du gain et la poussant à honorer ses contrats de prestation au lieu de la renvoyer en clinique. C’est tout naturellement, qu’Amy Winehouse a rejoint, le club des 27, le 23 Juillet 2011 en décédant à la suite d’une overdose d’alcool. Si la majorité du public considérait Amy Winehouse comme une vulgaire junkie à la crinière excessivement laquée, nous avons pu découvrir une véritable artiste à la sensibilité à fleur de peau et aux paroles poignantes.
Caroline Riffault
Retrouvez ici la bande-annonce :