Peintre économe, Velázquez a peu produit : ce qui n'empêche pas ses représentations de frapper tout spectateur qui croiserait le regard d'Innocent X, de l'infante Marguerite ou des nombreux autres modèles grâce auxquels il a pu révolutionner les codes d'un genre plutôt rigide. Un coup de pinceau que le pape en personne qualifiait de " trop vrai ". Passant de la scène religieuse au paysage avec la même aisance, c'est dans l'art du portrait que le maître a su véritablement exceller, pour s'imposer rapidement comme l'un des génies de l'âge d'or espagnol. Bouffons, nains et comédiens lui ont permis d'expérimenter de nouvelles formules artistiques, avec une vibration particulière qui influença d'autres personnalités bien après sa mort. Goya, Manet, les impressionnistes, Picasso, Bacon ou Godard : tous séduits tôt ou tard par ce sens de l'inachevé, une esthétique " du point de suspension " comme la décrit Guillaume Kientz, le commissaire de l'exposition.
Familier du roi et prince des peintres, il n'en fallait pas plus pour que le Grand Palais mette à l'honneur cette figure majeure du VIIe siècle. Une chance que l'accalmie estivale permette de profiter des derniers jours de cette rétrospective (jusqu'au 13 juillet au Grand Palais) sans devoir obligatoirement subir la foule et les coutumières files d'attente. Ne pas saisir l'occasion serait dommage ; d'autant plus qu'il ne reste pas plus d'une centaine d'œuvres de Velázquez dans le monde.
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