N’étant ni économiste, ni politologue, pas même sociologue, je me garderai bien ici de tirer la moindre analyse ou conclusion qui dépasserait mes compétences. Les Grecs ont dit « Non ». C’est la seule chose certaine. Mais « non » à quoi ? Certains y voient un mouvement de fond annonçant un large refus populaire des politiques néolibérales antisociales. D’autres affirment que les Grecs sont décidément des paresseux patentés qui refusent de faire le moindre effort…
Ni les uns ni les autres n’ont sans doute raison. Les Grecs ont simplement dit « Non » à des mesures qui ne tiennent aucun compte de leur situation, de ce qui fait qu’ils se trouvent dans cette situation. C’est exactement ce que dit, en France, un Henri Guaino, membre du mouvement « Les Républicains » ! Si les Grecs ont de telles dettes, c’est que les grandes banques multinationales ont tout fait pour qu’il en soit ainsi. Sous couvert d’aide, elles ne faisaient qu’accroître la dette publique qui inévitablement devrait leur être remboursée, agrémentée de taux d’intérêt qui feraient aujourd’hui rêver n’importe qui. Qu’on ne s’y trompe pas : ceux qui tiennent aujourd’hui les cordons des marionnettes ne sont que les financiers privés qui ne travaillent pas plus que vous ou moi, mais qui n’ont qu’une seule visée : celle de leur profit, peu importe que celui-ci soit au détriment d’un peuple. En disant cela, je ne cherche pas à excuser les erreurs de gestion grecques. Elles sont évidentes. Pouvait-il en être autrement ? En attendant, les responsables politiques s’illusionnent avoir le moindre pouvoir, alors qu’ils ne sont que des marionnettes des financiers et des banquiers qui furent eux-mêmes largement aidés par les États lorsqu’ils rencontrèrent quelques difficultés, en 2008 par exemple ! Le « non » du peuple grec ne changera évidemment – malheureusement – rien à ce jeu de dupes, puisque les véritables coupables restent les maîtres du jeu. Impossible de savoir aujourd’hui sur quoi cela débouchera. Une certitude cependant (avec toutes les nuances émises dans le premier paragraphe de ce billet) : la solution finale ne sera pas au détriment des vrais créanciers, ces financiers privés qui ignorent ce que les mots « État démocratique et social » signifient.
Il ne faut donc pas trop s’extasier devant cette victoire du « Non ». OK, le peuple a dit non. Mais pouvait-il dire autre chose ? Il est – selon moi – illusoire de penser que ce « non » en annonce d’autres, futurs rejets de tout ce qui pourrait se décider au niveau européen. J’ajoute que – toujours selon moi – il n’y a pas de solutions possibles aujourd’hui pour les millions de citoyens européens en dehors d’une Europe forte. Cela n’exclut pas le respect de spécificités locales, régionales, nationales… Mais on ne peut trouver sa place dans le monde actuel qu’au sein d’une Union forte et solidaire. Et sociale.
En réalité, le véritable enjeu de tout ce qui se passe aujourd’hui est là : construire une Europe sociale. Et même, plus largement, construire un monde social, où chaque être humain s’y retrouve en trouvant sa place et en y étant respecté. Je ne suis pas trop optimiste à ce niveau. Il reste toujours les « joueurs de marionnettes » qui maîtrisent réellement le jeu et qui n’ont rien à faire de celui ou celle qui voudrait simplement exister et vivre de manière décente.
Alors, bien sûr, les Grecs ont dit « Non ». Je m’en réjouis. Mais cela ne me donne aucune illusion. Qu’en pense mon banquier, pourtant honnête, j’en suis certain ?