Comme quoi il est bien utile de faire du Grec au Lycée !
Pour autant, il ne suffit pas de maîtriser les rudiments de la langue
d’Homer pour comprendre ce qui se passe en Grèce.
Les Grecs ont donc dit Non et l’Europe entière s’en étonne !
D’une manière générale, l’expérience montre qu’il est plus facile de
répondre non que oui à un référendum. Dans le cas présent, comment aurait-il pu
y avoir un réel doute sur le résultat alors que tout était fait pour aboutir au
Non ? Une question incompréhensible, un OXI positionné en tête de bulletin
au dessus du NAI, un discours rabâché depuis des mois contre l’austérité imposé
par des terroristes
doublés de maitres chanteurs que ce sont le FMI, l’Europe néo-libérale et les
Allemands !
Eh bien figurez-vous qu’avec tout cela, le Peuple s’est prononcé contre
!...Ahurissant !
De manière tout aussi étonnante, le Peuple a dit qu’il préférait que les
créanciers de la Grèce (vous et moi) fassent une croix sur une partie
conséquente de leur dette et qu’ils leur prêtent, sans trop d’espoir de se voir
rembourser, l’argent nécessaire pour que la Grèce puisse faire face à ses
engagements… et qu’en échange il refusait toute contrepartie !...stupéfiant
!
Plus surprenant encore, le Peuple veut bien qu’on lui donne de l’argent mais
ne veut surtout pas sortir de l’Euro dans lequel il est pourtant rentré par
effraction !
Et comme on a laissé croire au Peuple qu’il n’y avait aucune contradiction
dans tout cela, eh bien le Peuple il n’avait aucune raisons de se priver, il
aurait été bien stupide de voter Oui aux diktats infâmes de ses préteurs. Et le
Peuple, il est tout sauf stupide puisqu’il est souverain !
Décidément, Il avait bien raison Aristote, la démagogie est bien la perversion
de la démocratie.
Mais le Peuple ne va pas tarder à déchanter.
Ce n’est pas en faisant un doigt d’honneur à ses créanciers, en les
traitants comme des salopards responsables de toutes les misères du pays, qu’il
va les mettre dans de meilleures dispositions.
D’autant que ses créanciers ont déjà été bien exaspérés par le comportement
de ses dirigeants.
Depuis le début, l’attitude de Tsipras et Varoufakis a été extrêmement
claire. Pousser le bouchon le plus loin possible.
Persuadés que les européens ne prendraient pas le risque d’un Grexit, ils
ont refusé tout compromis. Et ils l’ont fait avec beaucoup d’habilité en
faisant de fausses concessions inacceptables pour les européens et en laissant
croire que ceux-ci ne cherchaient qu’à les étrangler et à humilier le Peuple
Grec !
Cette stratégie a d’autant mieux fonctionné qu’elle a été relayée par les
habituels anti-européens de droite extrême comme d’extrême gauche. Il faut
avouer également qu’elle a bien bénéficié de l’attitude ouvertement
psychorigide de l’Allemagne.
Le référendum était l’aboutissement logique de cette stratégie. Voyant que
les européens ne cédaient pas à leur chantage, ils ont optés pour l’arme
atomique de nos démocraties, l’appel au Peuple. Un Peuple auquel on ne cesse de
répéter qu’il est la victime non pas d’un endettement excessif, d’une société à
bien des égards archaïque et d’une économie inadaptée, mais de tous ceux qui
ont accepté de lui prêter de l’argent pour vivre voire pour survivre.
Tout le monde sait que la Grèce ne remboursera jamais sa dette dans son
intégralité. Le bon sens voudrait qu’on en finisse une bonne fois pour toute et
que l’on efface avec panache et générosité l’essentiel des créances que les
européens détiennent vis-à-vis de ce pays.
Mais outre que beaucoup d’efforts ont déjà été fait en la matière*, comment
imaginer que les européens acceptent d’aider, à un tel niveau, un pays qui
crache sur ses créanciers et qui ne donne pas le sentiment de vouloir faire les
réformes nécessaires pour se redresser. Or, non seulement ses dirigeants ne
donnent pas cette impression mais ils se sont fait élire sur un programme
complètement opposé.
Ainsi, au lieu de tout faire pour inspirer une confiance largement écornée
par leurs discours de campagne et d’aborder les discussions dans un état
d’esprit de coopération, par leur attitude hypocrite et radicale, Tsipras et
Varoufakis ont forcé les pays européens à s’enfermer dans un piège dont
personne ne sortira indemne et certainement pas le Peuple Grec !
- Une partie de la dette a été effacée en 2012 (Abandon par les créanciers privés de 50% de leurs créances), elle a été restructurée pour reporter son remboursement aux calendes grecques (2045), ses taux ont été allégés et leur règlement bénéficie d’un moratoire de 10 ans qui signifie que les intérêts ne seront réglés qu’à partir de 2023.