Tour de France 1909, arrivée de la deuxième étape entre Roubaix et Metz. Sur la ligne, le vainqueur, rigolard, tente de protéger sa grande carcasse de la pluie qui n'a cessé de tomber tout au long du parcours "Quel succès mes empereurs !, se marre t-il en tordant son maillot Alcyon. Mais dites donc, vous n’auriez pas un parapluie ? Je commence à en avoir assez de recevoir des hallebardes sur les reins." Du courage à revendre et une heureuse nature : la légende de François Faber, "Le Géant de Colombes" est en marche ! Le coureur banlieusard, qui vient d'opter pour la nationalité luxembourgeoise de son père, n'est déjà plus un inconnu pour les amateurs de vélo. Mais les six étapes qu'il va remporter lors de ce Tour 1909 marqué par une météo exécrable vont définitivement l'installer dans la grande histoire du cyclisme. Vainqueur à Metz, Belfort, Lyon, Grenoble, Nice et Bordeaux, en dépit des éléments déchaînés, des chutes et des coups du sort, Faber, sans jamais se départir de sa bonhommie, accumule les honneurs. Le 1er août à Paris, il devient le premier étranger à remporter la Grande Boucle. Un "étranger", qui après avoir sacrifié au protocole, retourne aussi sec à Colombes, dans la banlieue qui l'a vu grandir, pour fêter dignement l'événement avec ses amis du café de l'Usine. Il est comme ça le "Grand Lion", comme le surnomme Alphonse Baugé son manager. Pas bégueule, partageur, courageux comme pas un et populaire dans tous les sens du terme. Le choc n'en sera que plus grand lorsque, le 9 mai 1915, après s'être engagé dans la Légion étrangère au début du conflit, il sera l'un des nombreux champions à tomber sur les champs de bataille de la première guerre mondiale…