Cette molécule, présente dans le sang a pour nom bêta-2 microglobuline (B2M) et est l’un des composants d’une molécule plus large appartenant au complexe majeur d’histocompatibilité (classe I), une région du génome dont les gènes codent pour les molécules qui régulent la présentation des antigènes aux lymphocytes T afin de les activer. La molécule (CMH-1) joue donc un rôle clé dans le système immunitaire adaptatif. Les scientifiques montrent ici, sur la souris, que les niveaux de BM2 augmentent lorsque nous vieillissons, bloquent la régénération des cellules du cerveau et favorisent le déclin cognitif.
Immunité et cognition, quel lien ? Ce complexe immunitaire B2M-CMH-1, présent dans toutes les cellules du corps, sauf les globules rouges et des cellules plasmatiques, est donc actif aussi dans le cerveau, régule son développement en favorisant la communication des cellules nerveuses, allant ainsi jusqu’à affecter le comportement, explique le Pr Saul A. Villeda, auteur principal de l’étude. "Alors que B2M augmente avec l’âge, à la fois dans le sang et dans le cerveau, nous avons voulu savoir quelle est la contribution immunitaire à la cognition".
Une expérience vampirique sur la souris de la même équipe avait déjà suggéré qu’il est possible de rajeunir le cerveau d’animaux âgés en leur injectant du sang jeune. La transfusion de sang de jeunes souris est parvient, selon cette étude, à rétablir la mémoire des souris plus âgées à un niveau comparable à celui des animaux plus jeunes. Ici, les chercheurs font l’hypothèse de l’effet opposé: il doit exister dans le sang d’animaux plus âgés des facteurs pro-vieillissement qui suppriment la neurogenèse ou la production de nouvelles cellules cérébrales dans des zones importantes pour la mémoire. Ces facteurs vont donc favoriser le déclin cognitif.
L’étude établit une corrélation entre des niveaux sanguins élevés de B2M et le déclin cognitif dans la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence. Les chercheurs montrent que :
- les niveaux de B2M augmentent régulièrement avec l’âge,
- sont plus élevés chez les jeunes souris chez lesquelles le système circulatoire est relié à celui d’une souris plus âgée.
- ces résultats sont également confirmés chez l’homme, avec une augmentation des taux de B2M avec l’âge, à la fois dans le sang et dans le liquide céphalo-rachidien.
- De plus, l’administration de B2M à des souris jeunes, soit via le système circulatoire ou directement dans le cerveau, implique des scores diminués aux tests d’apprentissage et de mémoire ; la neurogenèse est arrêtée.
- En revanche, des souris privées du gène B2M » font mieux » que leurs homologues aux tests d’apprentissage et leurs cerveaux ne présentent pas de déficience de neurogenèse comme celle constatée chez des souris du même âge.
Développer des anticorps ou de petites molécules pour cibler cette protéine tard dans la vie pourrait permettre de bloquer ce facteur pro-vieillissement, rétablir la neurogenèse et réduire le dysfonctionnement cognitif lié à l’âge. Bref, un rêve thérapeutique pour lutter contre la vieillesse.
Source: Nature 06 July 2015 doi:10.1038/nm.3898β2-microglobulin is a systemic pro-aging factor that impairs cognitive function and neurogenesis
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