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"Phèdre" de Jean Racine

Par Lesalondeslettres @Salon_Lettres

Mon repos, mon bonheur semblait être affermi,
Athènes me montra mon superbe ennemi.


Antiquité grecque, à Trézène, ville du Péloponnèse

Au tragique psychologique - celui de l'amour - vient se superposer un tragique en quelque sorte moral - celui de la dignité perdue - qui n'apparaît que dans Phèdre. Ici seulement, le personnage se livre à sa passion en la haïssant, continue à combattre contre soi, tout en s'abandonnant à lui-même, pour être vaincu enfin sur les deux plans où se développe cette tragédie singulière : le plan moral et le plan psychologique. Phèdre est un témoin de la liberté. Racine remplit ici la vocation éternelle de la tragédie, qui est d'orchestrer une méditation sur la situation de l'homme.

I nformations : Phèdre est une tragédie tardive et innovante. Il s'agit de la dernière grande tragédie de Racine (qui compte), elle passe pour son chef-d'oeuvre. Racine aimait beaucoup s'inspirer de la mythologie et ses tragédies ne portent que sur des héroïnes tragiques et non pas des héros.
Pour écrire cette pièce, Racine s'est inspirée de l' Hippolyte (- 428) d'Euripide, un dramaturge grec du Vème siècle avant Jésus-Christ. Cependant, chez Racine, Phèdre devient un personnage plus tragique, il conserve la part divine mais il insiste sur la passion amoureuse comme une fatalité ; et il invente le personnage d'Aricie qui a un fonction actancielle puisqu'elle est à la fois la rivale politique et la rivale amoureuse de Phèdre, elle exacerbe ainsi la jalousie de Phèdre. On compte aussi une autre Phaedra, écrite par le dramaturge latin Sénèque (Ier siècle après Jésus-Christ) en 50 après Jésus-Christ environ.
Phèdre est régulièrement portée sur la scène : en 1573 par Garnier, en 1645 par Gilbert, en 1675 par Bidar et en 1677, la même année que Racine donc, par Pradon, sans compter les reprises contemporaines.

J'ai déjà lu et étudié cette pièce de théâtre en long et en large en classe de seconde. L'étude avait été laborieuse car on y avait passé un bon moment et c'est même sur cette pièce que j'ai commencé à pratiquer l'exercice du commentaire de texte. J'ai été beaucoup moins emballé par l'analyse de cette oeuvre que pour La Princesse de Clèves, peut-être parce que l'histoire ne trouve aucune résonance en moi. C'est dommage, en quelque sorte, d'avoir recommencé l'étude de cette pièce mais j'ai ainsi pu la mettre en perspective avec mes cours magistraux sur le XVIIème siècle. Ainsi, de nombreuses répliques, que j'apprécie beaucoup, me parlaient.

Le sujet me plaît car il est actuel. Même si le cadre de la pièce est mythologique il est tout à fait possible qu'une femme tombe amoureuse de son beau-fils. Cette résonance avec aujourd'hui me semble très importante. Ce n'est pas évident de s'identifier à Phèdre parce qu'elle a au moins quarante ans, c'est pour cela que ce texte me parle moins que d'autres sans doute.
Le texte est beau et assez fluide, l'analyser a été un vrai plaisir. Cependant, les références mythologiques, nombreuses, sont un obstacle pour les non initiés car il faut absolument les éclaircir pour comprendre suffisamment la pièce, notamment sur la généalogie de Phèdre qu'elle invoque beaucoup. Phèdre est la petite-fille du Soleil et sa soeur est Ariane, qui avait été délaissé par Thésée alors qu'elle l'avait aidé à retrouver son chemin.
J'aimerai beaucoup lire la version d'Euripide, qui a été la source de Racine, mais aussi celle de Sénèque. Je souhaiterai aussi voir au moins une représentation de la pièce car le personnage de Phèdre doit demander, plus qu'aucun autre dans la pièce, une énergie incroyable, pour devoir jouer à la fois une passion insurmontable et une douleur extrême.

=> Une pièce phare de Racine à connaître absolument !

Représentée pour la première fois le 1er janvier 1677 à Paris

par la troupe de l'Hôtel de Bourgogne


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