Ils étaient camarades, ils étaient amis, ils furent déportés ensemble, Roger Garaudy évoquait souvent sa mémoire...
Par dessus tout il aimait la paix sans laquelle il n'y a ni bien-être, ni liberté. Pour la défendre il dénonce les fossoyeurs qui nous conduisaient à la guerre et à la servitude : les fossoyeurs à l'oeuvre à Munich et en 1939, les fossoyeurs de la " drôle de guerre " et de Vichy.
A guerre venue, AUGUSTIN la fait à son rang. Le 14 septembre 1940, au lendemain de sa démobilisation, il est arrêté ; la police des fossoyeurs lui demande de renier son Parti et de désavouer le pacte germano-soviétique. Il répond :
" Mon Parti m'a fait voir clair dans le jeu de vos trahisons. Il est ma fierté. Quant à l'Union Soviétique vous ne lui pardonnez pas d'être l'espérance de tous ceux que vous faites souffrir; vous avez voulu l'isoler à Munich en 1939 et vous avez isolé la France et précipité la guerre: vous ne lui pardonnez pas de n'être pas tombée dans vos pièges. Je ne sais pas quand viendra la libération dé la France, mais cette libération ne sera possible qu'avec l'Union Soviétique."
Ainsi naissait la première résistance française, non pas face au micro de Londres, mais face aux policiers de Vichy. En 1940, sur le sol français, les communistes seuls étaient debout. Lorsque AUGUSTIN fut arrêté avec Garaudy le 14 Septembre 1940, toute la direction fédérale du Parti Communiste dans le Tarn était arrêtée aussi: VAY S S E de Castres, PABA et BUSSIÈRES de Graulhet, PELISSOU de Carmaux, AUGUSTIN, GARAUDY, BOYÉ, MOLINIÉ d'Albi et des dizaines de militants des sections: les COUTOULY, les BLANQUET, les CAZALS, etc.. Leur idéal communiste était planté au milieu de leur vie comme un drapeau.
AUGUST1N et ses compagnons passent de camp en prison et de prison en camp. Montgey, Revel, Saint-Sulpice. Mars 1941: AU GUSTIN fait partie du premier convoi de déportés en Afrique avec cinq autres tarnais: Vaysse, Paba, Garaudy, Coutouly, Piquemal. Il est enlevé de Saint-Sulpice menottes aux mains. Trois jours de chaînes et voici Djelfa dernier poste avant l'oasis de Laghouat. Le sable, les travaux forcés de terrassement, la faim. AUGUSTIN est choisi par ses compagnons comme chef de barraque, celui qui sert les autres, se sert le dernier, s'il en reste, est le plus exposé à la répression des bourreaux. C'est la conception communiste du chef. Et AUGUSTIN était l'un de ces chefs.
T RANSFÉRÉ au pénitencier de Bossuet dans le sud-oranais AUGUSTIN conserve sa certitude tranquille de la victoire, son inflexibilité de patriote, de communiste. L'épuisement n'a vaincu que son corps ; le 13 Septembre 1941, la veille de sa mort, sur son lit d'agonie, il était entouré de ses compagnons, il leur parle de sa femme et de son enfant, de l'organisation du Parti
dans le camp, de l'Armée Rouge et de la lutte des camarades de France. Cela n'était en lui qu'un seul amour. Il avait ce sourire confiant qu'ont les communistes quand ils regardent l'avenir, la vie.
LE lendemain matin à 6 heures, AUGUSTIN était mort. L'anticommunisme de l'Anti-France avait mis un an, jour pour jour, à assassiner ce patriote sans peur et sans reproche.
APRÈS DIX ANS les cendres d'AUGUSTIN nous sont rendues. Le peuple de France est en lutte pour défendre ses libertés et son pain, pour sauver la paix. C'était la bataille d'AUGUSTIN; les ennemis sont demeurés les mêmes, les compagnons d ' AUGUSTIN sont devenus plus nombreux et plus forts.
PAR MILLIERS vous viendrez puiser devant les cendres d'AUGUSTIN des forces nouvelles pour continuer son combat en retenant la grande leçon de sa vie et de sa mort :
- l'anticommunisme a conduit la France à la servitude et à la guerre, il a conduit à la mort des milliers d'AUGUSTIN les meilleurs fils de France.
L A résurrection de notre peuple a été trouvée dans l'autre voie, celle de l'Unité de la Résistance autour des communistes contre Vichy. Cette voie, celle d'AUGUSTIN, celle du peuple, une autre victime du même combat, JAURÈS, nous l'indiquait i l y a cinquante ans: "elle est jalonnée de tombeaux, mais elle mène à la justice."
Devant les cendres d'AUGUSTIN jurons de suivre cette route inflexiblement et de la suivre jusqu'à la victoire.
M" e V" Elle AUGUSTIN, Mlle Eliane AUGUSTIN
et leur famille, la Fédération du Tarn
et la Section d'AIbi du Parti Communiste
Français font part à la population tarnaise
Ancien Secrétaire Régional
qui se dérouleront le DIMANCHE 6 MARS, à 10 heures, à ALBI
La dépouille mortelle sera déposée dans une chapelle ardente au
Siège de la Fédération, 30, rue du Jardin National, à partir du Samedi
5 Mars à 14 heures.
La population Tarnaise est invitée à rendre un affectueux hommage
à une des premières victimes du fascisme, au grand patriote
Elie AUGUSTIN resté fidèle jusqu'à sa mort à l'idéal de sa vie, idéal
de LIBERTÉ et de PAIX.
[Avis d'obsèques sur 4 feuillets 14x18. La photo provient de cet avis. Date : 1951, à vérifier. Editeur: PCF. Archives personnelles de Roger Garaudy]
Extraits de la notice du Maitron par René Lemarquis et Claude Pennetier
Né le 16 septembre 1899 à Pampelonne (Tarn), mort en déportation à Bossuet (Algérie) le 17 septembre 1941 ; ouvrier puis employé de commerce ; secrétaire du rayon communiste d'Albi (Tarn).
Élie Augustin avait participé dès 1924 à des grèves de La Viscose. Il adhéra au Parti communiste le 1er janvier 1925, " attiré par son action de la défense des opprimés du régime capitaliste et (...] pour sa lutte contre la guerre du Maroc ".[...]
Le Parti communiste le présenta aux élections législatives de mai 1932 dans la 1re circonscription d'Albi. À nouveau candidat en avril 1936, il recueillit 974 voix (18 735 inscrits, 5,2 %) contre 5 098 au socialiste Malroux Augustin qui fut élu au second tour. Pendant la campagne, le journal régional du Parti socialiste de France, Le Progrès de l'Aveyron , rendit hommage à son calme et à sa courtoisie (5 avril 1936). Augustin fut également candidat aux élections du conseil général d'octobre 1934 dans le canton d'Albi.
Élie Augustin fut d'abord syndiqué à la Fédération unitaire des Métaux et membre de la CE et du bureau de la 24e Union régionale unitaire puis il adhéra au syndicat des employés de commerce d'Albi dont il était, en 1938, membre du conseil syndical et de la commission paritaire. Il était par ailleurs trésorier du Comité local du Front populaire d'Albi. Sa fille était, en juillet 1938, trésorière du groupe d'Albi de l'UJFF.
Arrêté au début de la Seconde Guerre mondiale, il connut le camp d'internement de Saint-Sulpice (Tarn) avant d'être déporté en Afrique du Nord où il mourut [voir article ci-dessus, NDLR].