L'actualité nous ramène à une question simple et fondamentale : Qu'est-ce que la démocratie ?
La Grèce, qui a inventé la démocratie, est-elle en train de l'enterrer ?
Démocratie en EuropeAu moment où la Grèce a voté non à la proposition européenne de plan d'aide, les extrémistes de droite et de gauche se félicitent d'un retour de la démocratie.
Ce qui est vrai, c'est que l'Europe fonctionne d'une manière trop peu démocratique. Les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent régulièrement en sommets pour prendre des décisions, et la seule entité européenne qui a une légitimité démocratique, le parlement, n'a aucun pouvoir. Le pire étant, comme en 2005, qu'on essaie de légitimer ces décisions de dirigeants par des referendums. Et quand le peuple répond non, on n'en tient pas compte.
FédéralismeLa solution est plus de fédéralisme. Que les décisions européennes soient prises à l'échelon européen (commission, parlement, BCE, ...) et non pas lors de sommets. Cela nécessite d'accepter que l'Europe puisse imposer à ses Etats-membres des décisions qu'ils n'auraient pas prises. Cela aurait au moins permis d'éviter tous ces " sommets de la dernière chance " qui ont géré le problème grec à la petite semaine depuis 2010.
Mais le problème de démocratie est plus profond. Il ne se réduit pas à l'Europe. Pourquoi est-ce qu'au niveau national les grands partis de droite, du centre et de gauche ont des programmes si proches ? Pourquoi y a-t-il tant d'abstention ? Que peut-on faire pour améliorer les choses ?
ClanismeNous sommes dans un système où deux camps s'affrontent, la gauche et la droite. Alors qu'ils sont d'accord sur beaucoup de grands principes, ils s'affrontent en permanence. La droite et le centre n'auraient jamais dû, par exemple, voter contre la loi Macron qu'ils approuvent. Que la gauche et la droite s'affrontent sur les sujets de divergence (mariage gay, politique pénale, réforme des services publics, ...), mais qu'ils ne cherchent pas à s'opposer sur les sujets où ils sont d'accord !
RenouvellementCe qui démotive beaucoup d'électeurs, c'est qu'on leur propose toujours les mêmes têtes. Pourquoi est-ce que ceux qui n'ont pas résolu leurs problèmes dans le passé le feraient dans l'avenir ? Nous avons aujourd'hui une classe politique qui vit de la politique, et qui n'a pas d'autre métier que la politique. Résultat, leur objectif est plus de se faire réélire que de résoudre les vrais problèmes. La solution ? Non cumul des mandats, interdiction de se représenter plus de deux fois de suite au même poste, 3 fois pour un poste local, obligation de démissionner de la fonction publique pour les élus.
PopulismeOn l'a vu, la classe politique en place cherche plus à se faire réélire qu'à résoudre les problèmes. Face à cela, on assiste à l'émergence de nouveaux acteurs qui vendent du rêve en affirmant avoir des solutions simples aux problèmes complexes. D'autres organisent des referendums en une semaine, sur une question qui nécessiterait plusieurs mois pour être expliquée à la population. Opposer le peuple aux élites ou accuser une communauté d'être la cause de tous nos problèmes n'est pas une bonne méthode.
Si on veut faire avancer la démocratie, il faut éviter deux écueils : L'élitisme de ceux qui croient pouvoir décider sans le peuple, ou contre lui, et le populisme de ceux qui croient incarner la voix du peuple parce qu'ils s'opposent aux élites. Entre ces deux écueils, la bonne méthode consiste à prendre les électeurs pour ce qu'ils sont : Des adultes capable de comprendre les problèmes. Pour cela, il faut faire preuve de pédagogie. Expliquer les problèmes et les conséquences des décisions possibles. Ne pas promettre l'impossible pour pouvoir tenir ses promesses. Expliquer que les changements envisagés ont des conséquences négatives à court terme, même s'ils sont nécessaires à long terme.