Le prétexte de la rencontre était la pendaison de crémaillère d'un des gentils membres de notre club privé (mais aux compte-rendus publics). C'était surtout l'occasion de se retrouver une dernière fois avant la longue séparation des vacances (soupirs). Stéphane m'avait demandé de lui donner un p'tit coup de main pour finaliser le repas. Je suis donc arrivé en avance pour décortiquer, cuire, assaisonner... Ouf, tout était prêt à l'heure dire, ou presque.
Nous avons démarré la soirée en grignotant des graines de courges et des pignons grillés, et du jambon de cul-noir local, accompagnés par une vieille bouteille de Champagne achetée récemment aux enchères (où j'ai acquis pas mal de choses aussi).
La robe est d'une couleur cuivrée évoquant plus une bière rousse qu'un champagne, la mousse en moins. Mais le nez ne nous y trompe pas. Pas d'odeurs maltées, mais des parfums superbes, entre fruits secs, ambre, miel en rayon ... On se noierait dedans ! En bouche, la bulle est fine, avec une bulle délicate caressant plus que chatouillant les papilles, beaucoup de fraîcheur et une sacrée intensité aromatique. La finale est harmonieuse, très agréable, d'une longueur juste correcte, mais on s'en f... On s'est régalé !
Pas certain qu'un Pommery d'aujourd'hui serait aussi bon dans 40 ans...
Pendant que Stéphane remplissait les assiettes de crème de petis pois, j'étais au poste plancha pour cuire les (superbes !) langoustines et quelques noix de Saint-Jacques, avec une mission : surtout ne pas nuire aux produits que j'avais dans les mains. C'eût été gâchis. Ouf, aux dires des convives, j'étais arrivé au résultat escompté : la chair des langoustines était encore nacrée à l'intérieur. Un délice.
Le vin qui l'accompagnait avait une robe dorée, un nez sur les agrumes confits, une petite touche résineuse, du grillé/toasté. La bouche présentait une matière mûre et dense, un peu austère, se concluant sur une amertume assez prononcée (mais noble, toutefois), faisant forcément penser à un Chenin (si ce n'est que l'acidité n'était pas tranchante). La finale était encore marquée par l'élevage en barrique, cr qui laisse imaginer que jeune, ça devait être bien boisé.
Olivier C. a évoqué Rayas blanc qui contient pas mal de Clairette. Il n'était pas si loin puisque que c'est Château Simone 2007 (Palette blanc) qui a un fort pourcentage de ce cépage (et qui effectivement est bien boisée dans sa jeunesse).
Même distribution des rôles en cuisine. Stéphane aux légumes, bibi à la plancha. Là aussi, surtout ne pas surcuire. C'est délicat, ces p'tites bêtes... J'ai demandé à Stéphane comment son poivron rouge pouvait être aussi mûr et goûteux (parce que les poivrons, ça ressemble plus souvent à du plastique qu'autre chose). C'est en fait un bocal de piquillos mixé ! Evidemment ;-)
La bouteille était servie à l'aveugle. Ca n'a pas empêché que tout le monde la trouve grande. Le Grenache noir dans toute sa beauté : chocolat, cuir, cerise à l'eau de vie, prune, épices... Une matière veloutée qui reste fraîche malgré la richesse. Une sorte d'évidence, de simplicité, à l'image du bonhomme qui l'a produite : les Rouliers (2005 ?), célèbre vin de table d'Henri Bonneau.
Avec les fromages, retour à un vin blanc. Enfin or léger. Le nez est marqué par les agrumes qui commencent à confire et une fine oxydation. En bouche, il se montre encore plus austère que le (la?) Simone, avec une acidité un peu trop marquée. C'est pas l'éclate. Pas plus surpris que ça : la cuvée Quartz de Courtois ne m'emballe pas plus que ça dans sa jeunesse (alors que j'aime bien Plume d'ange). En vieillissant(2008), ça ne s'arrange guère...
Le dessert était une idée de Stéphane. Elle collait étonnamment bien avec les recettes d'outre atlantique que je consulte en ce moment. L'écume est du lait ribot (le buttermilk américain) légèrement sucré où de la sauge a infusé (sans trop marquer). Il a été émulsionné au Bamix au dernier moment. sinon, les abricots ont juste compoté dans un peu de sucre roux pour leur faire rendre du jus. Au dernier moment, quelques fleurs de lavande, pour le goût et la couleur. J'étais intrigué par le buttermilk. Maintenant, je suis fan. J'aime sa texture à la fois crémeuse et acidulé. On doit pouvoir faire plein de trucs sympas avec.
La force du Chenin, c'est son acidité naturelle, ce qui donne des vins toujours bien équilbrés, même lorsqu'ils sont riches. C'est le cas de ce Coteaux du Layon "Clos des bonnes blanches" 2003 du domaine Ogereau, dominé par l'ananas et la mangue. En bouche, une liqueur fraîche et digeste, qui n'alourdit pas le dessert.
Merci à Stéphane pour son accueil et sa gentillesse
et aux autres pour leur bonne humeur !