JCVD, c'est d'abord un film de genres, qui n'a pas peur de se détourner d'un pitch forcément réducteur pour aller s'intéresser à d'autres personnages qu'à Van Damme et lorgner du côté du film noir (prise d'otages, rançon et tout l'attirail). C'est forcément un peu décevant, puisqu'on attendait un film-concept braqué plein feux sur l'acteur alors qu'au final ce n'est pas ça du tout. Mais ça permet au film de ne pas rester prisonnier de son idée de départ. Si quelques digressions ou partis pris peuvent légitimement agacer, el Mechri fait preuve d'une vraie faim de cinéma et livre un portrait vibrant d'un Van Damme jamais vu. Il fait l'acteur, et il le fait bien. Parfois, il est presque beau. Il respire la sincérité. Et emporte allègrement la plus belle scène du film, confession aérienne que seul un grand voltigeur pouvait réussir. Un monologue qui respire l'émotion et file la chair de poule. Rien que pour cette belle et longue scène, JCVD vaut le coup d'oeil.
On aurait tout de même aimé que le film aille un peu plus loin, qu'il gaspille un peu moins son énergie dans le récit de ce braquage foireux dans lequel Van Damme finit par s'abîmer. Difficile de saisir pourquoi el Mechri tient tant à nous faire revivre certaines scènes sous plusieurs points de vue différents. Cela n'apporte quasiment rien, si ce n'est de très beaux plans-séquences, souvent discrets, toujours maîtrisés. Bien qu'un peu frustrant et manquant un peu de profondeur, JCVD est un beau film, tant par son propos feutré que par l'étonnante atmosphère (visuelle notamment, avec ce vrai-faux sepia très réussi) qu'il parvient à distiller. Souhaitons que cela relance la carrière de JC et qu'il revienne bien vite vers ses fans avec de multiples direct-to-video dans lesquels il tatannera la gueule de méchants soviétiques ou d'indochinois voraces.
6/10