Clémentine et Abdel-Razak. La bretonne et le syrien. Elle Jane et lui Tarzan. Dans la jungle par les hommes créée. Tombent amoureux à Paris dans le début des années 70. Rien que du classique même si l'histoire se passe dans nos temps de jungle moderne.
FORMIDABLE histoire nous décryptant une société arabe, des mentalités, auxquelles on n'entrave que pouic si on n'est pas briffé. Et Riad Sattouf est un remarquable dessinateur, conteur, scénariste, guide. Sa BD mérite la plus grande attention pour tout comprendre (oui) de la situation géo-socio-religio-politico du Proche et Moyen-Orient.
J'ai mieux compris avec ces 2 bouquins lus récemment qu'en cinquante ans de presse lue et décortiquée, d'images télévisuelles aperçues, de discours politiques ou non entendus. Personne n'entrave que pouic à nouveau à ce qu'il se passe là-bas, même les protagonistes, TOUS sourds, aveugles, bornés, fanatiques, machistes, stratifiés dans des habitudes mortifères intemporelles, humains quoi.
La guerre ne cessera là-bas que dans mille ans, c'est le constat amer que je fais.
Des femmes, des hommes et des enfants continueront de se régaler des "toutes", rempliront leur vue de la vision magiquement béatifiante du Qurnat as Sawda', le plus haut sommet du Mont Liban, mais mille ans encore les os rongés par les hommes seront servis ensuite pour le repas des femmes et les fières habitudes d'appartenances à une ethnie, confrérie ou religion prendront mille ans encore -oui- le dessus, pour dire à l'autre, dans un pays en paix (en reste-t-il ?), dans un pays à feu et à sang, sur les tas de ruines, et même jusques dans les boat people méditerranéens de la fuite honteuse, qu'il n'est qu'un méprisable sunnite, chiite, alaouite, négro, chrétien, juif, americani, francaoui, un fils de chien auquel on gardera ad vitam aeternam... un chien de sa chienne.
Riad Sattouf est bien l'Arabe du Futur. Le voeu de son père, pourtant arabe Ancien qui le voyait ainsi, a été largement exaucé. Il est HOMME un point c'est tout. Puisse-t-il être source d'inspiration, source d'eau fraîche tout court, pour des gens (arabes et autres) encore trop courts et trop lourds d'âme, de coeur et d'esprit.
Il parle de la circoncision que je considère personnellement comme une "honte de l'humanité", il la dénonce comme un acte cruel et absurde, telle qu'il l'a vécue dans le contexte socio-politique de la Syrie des années 1980. Il dit :
« À part pour des raisons médicales, et encore… On n'a pas à mutiler des enfants. Et cela n’a rien à voir avec la religion ! Cela dit, je ne sais pas dans quelle mesure je peux l’interpréter. J’ai mis dans le livre ce que j’ai exactement ressenti. Je pense que la circoncision est un acte castrateur qui fait des hommes inquiets et paranos. Le pénis étant un symbole très important, quand un groupe d’hommes, autre que son père, montre à un enfant qu’il a le pouvoir de le maîtriser et de lui en couper un morceau, ce groupe exprime qu’il a le pouvoir d’en couper plus si jamais le besoin s’en fait sentir. »
Riad Sattouf est un mec formidable, je voulais le dire aujourd'hui. Lisez ces 2 BD, vous m'en direz des nouvelles !!!