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C'est le jeudi 23 avril que se lançait
la soirée d'ouverture du troisième festival BD6Né !
Entrée libre pour tous, projection de
courts-métrages issus de différents univers et vote du public ont
été les moments phares de la soirée.
Et sur l'écran, les partenaires.
Tiens, qui est ce petit 7BD ?
Petite présentation du Jury et plongée
dans l'univers de neuf courts-métrages de durée différentes avec
plus ou moins de moyens mais surtout, des techniques, des ambiances,
des idées variées et intéressantes.
Le Jury enfin réuni pour nos beaux
yeux !
J'ai eu un petit coup de cœur pour
« Sangre di Unicornio » d'Alberto Vazquez, que vous
pouvez (re)voir ici ! Et sous-titré en Français !
Tout cela se déroulait au Studio
Commune Image à Saint-Ouen. Je vous entends déjà « Ouh,
Saint-Ouen, c'est loin ». Ca peut paraître loin, mais en fait,
c'est facilement accessible par la ligne 13. Le lieu est très
chaleureux et propice aux discussions et aux rencontres.
Malheureusement, pour connaître
l'heureux gagnant, il fallut attendre dimanche soir. Mais si vous continuez la lecture, votre curiosité sera satisfaite...
Heureusement, avec le programme des trois jours
suivants, on avait de quoi patienter sourire aux lèvres.
Et pour continuer sur la lancée, le
vendredi 24 était un jour idéal pour aller s'installer en soirée
au Studio des Ursulines, à deux pas du Luxembourg, pour profiter
d'une soirée SF spécial Mézières !
Le lieu du délit...
En effet, Monsieur Jean-Claude Mézières
en personne est venu nous parler de Valérian et Laureline, la
création qu'il mène depuis bientôt cinquante ans avec Pierre
Christin.
« Cinquante ans ! » Hé
oui, rappelez-vous, la première diffusion de Valérian dans Pilote
datait de 1967.
Jean-Claude Mézières - je vous l'avais dit - !
En parcourant des planches issues de
différents tomes de la série, sous les questions de Hélène de
Roux, Mézières nous a raconté sa collaboration avec Christin, sa
vision d'une planche de BD, ses expériences graphiques, l'évolution
physique du personnage de Valérian et tant d'autres sujets; tout
cela avec beaucoup d'humour et en laissant toujours une place pour le
public, afin d'échanger dans des salves de questions réponses.
Sur l'écran, les planches en grand, accompagnées des commentaires de Mézières.
Un auteur incroyable qui s'effaça
discrètement pour laisser la place à la projection de trois
courts-métrages de SF, dont un réalisé en animation, qui nous ont
emmené aux confins de l'espace !
La soirée ne s'arrêta pas là, car
les courts une fois terminés, fut projeté un long documentaire
intitulé « L'Histoire de la Page 52 » réalisé par
Avril Tambouret et produit par Laurent Segal de Kanari Films.
Travail fascinant de Avril qui a suivi
pendant sept jours Mézières dans la réalisation d'une planche, la
52ème de l'album « Souvenirs de Futurs ».
Le réalisateur a su alterner entre les
visages, les échanges avec les deux auteurs, et aussi le silence de
la création, en collant à la plume de Mézières lancée dans des
tracés, des encrages.
Un documentaire que je recommande à
tout bon fan de Mézières, et à toute personne curieuse de voir un
dessinateur de BD au travail.
Kanari Films vous propose la
bande-annonce de ce docu et quelques autres infos à découvrir ici!
La soirée aurait pu se finir là mais
Mézières, content d'avoir pu voir le film sur grand écran, heureux
de partager un moment avec son public en-dehors des queues de
dédicaces, a voulu revenir et parler du film avec nous, accompagné
de Avril Tembouret, le réalisateur.
Mézières, Avril Tembouret et Laurent
Segal !
Belle conclusion pour une soirée de
rêve, entre les quatre murs chaleureux de ce petit cinéma de
quartier...
Mézières, Tembouret et Julien Savès,
un des organisateurs du festival venu clore cette deuxième journée
Et ce fut vers une toute autre ambiance
que je dirigeais mes chaussures samedi après-midi, en sautant dans
le RER A pour partir à la découverte de Nanterre !
Dans la longue Rue Maurice Thorez se
trouve un cinéma nommé « Les Lumières ». En arrivant
sur place, stand de vente de produits alimentaires, dessinateurs en
pleines dédicaces, artistes relevant des défis et la foule. Tout
m'indiquait que j'étais arrivé à bon port.
Cette journée du samedi se tourna plus
vers une ambiance familiale, axée sur les comics et les mangas. Une
projection jeunesse était prévue, présentant dix courts-métrages
venus de tous horizons !
Un petit clin d'œil au drôle de court
TripBook de Nicolas Bianco-Levrin et Alice Andreo qui était de la
partie.
Là aussi, le public pouvait voter.
Dans le hall du cinéma, à côté de
cela, il était possible de rencontrer les auteurs du collectif
ComicVerse. Lancé dans des battle de dessins, ou bien dédicaçant
sur album ou papier libre, mais également disponible pour discuter
et échanger un peu.
Une partie de l'équipe ComicVerse
D'ailleurs, ils étaient nombreux, les
dessinateurs de ComicVerse !
L'occasion aussi de rencontrer David –
un autre David, pas moi, je ne fais pas encore preuve de
schizophrénie - qui nous expliqua le fonctionnement de
l'association. L'objectif aidant d'aider de jeunes auteurs talentueux
à trouver une diffusion et à être présent sur des festivals,
comme le Comic Con ou encore... BD6Né !
De plus, des événements sont
organisés, comme la création de calendriers, où chacun peut mettre
la main à la pâte.
Mais le temps passe et commence la
deuxième projection de la journée, celle des « Chasseurs de
Chimères », huit films hommage à des comics, BD, manga,
univers de légendes. Et certains de ces films proposaient des
fan-arts qui ornaient les colonnes du cinéma pour une petite
exposition. Comme, par exemple, « Extrême Pinocchio » de
Pascal Chind, dont voici la Bande Annonce.
Un petit aperçu de l'exposition aux
« Lumières » de Nanterre
Chaque projection de la journée se
soldait par la remise des prix jeunesse pour le concours « Imagine
ton super-héros » dont les participations ornaient, elles
aussi, les murs du cinéma « Les Lumières ».
Un nuage de dessins !
Fin de cette troisième journée avec
la projection du documentaire « Marvel Renaissance » de
Philippe Guedj dont voici la Bande-annonce - hon, je ne me répète pas -.
Cerise sur le gâteau, grand combat de
dessinateurs sur grand écran.
Avec BD6Né, les journées sont longues
mais passent tellement vite. Ce qui nous amène au dimanche, jour de
clôture du festival.
Retour à Saint-Ouen, donc, pour
découvrir le village BD. Derrière des tables, des auteurs venus de
toutes parts, mais aussi des revues comme Aaarg, Dérive Urbaine ou encore Distortion X, proposent rencontres, discussions,
dédicaces et ventes.
L'occasion de constater aussi la
présence discrète de Alfred, l'auteur de Come Prima, de Richard
Guérineau et son Charly 9 et d'Olivier Ka avec son Cœur Noir.
Que du beau monde, si, si !
Les trois complices nous ont offert un
incroyable happening. Imaginez l'écran de projection de Commune
Image (un grand écran magnifique). Un dispositif permettait de
projeter sur cet écran une feuille blanche placée devant Alfred,
debout devant la table.
Classique, me direz-vous, le gars va
dessiner, et on va voir le dessin en live.
Bon, allez, avec un peu de musique, ça
fait concert dessiné d'Angoulême.
Certes, mais l'expérience est allé
plus loin :
Olivier Ka venait présenter un film
(en essayant de ne pas dire son titre) issu du cinéma italien. Puis,
il lançait un extrait de la BO du film. Sur ces trois minutes de
musiques, Alfred ET Richard Guérineau dessinait de concert, sur la
même feuille, une image qui leur venait à l'esprit pour illustrer
ce film. Tout ceci en direct sous les yeux du public, amené à
deviner le film avant la fin du dessin.
Alfred et Richard Guérineau en pleine action !
Les auteurs travaillaient à quatre
mains, au fusain, au feutre et à la sanguine - me semble-t-il, mes
connaissances en la matière n'étant pas expertes - .
Je vous laisse juger par vous-même par
un exemple.
Attention, trouverez-vous le titre du
film avant la fin du dessin ?
Dix films furent ainsi passés à la
moulinette des trois auteurs ! Un régal, une démonstration de
force, un voyage en Onirie.
Si vous préfériez quelque chose de
plus classique, une conférence sur les rapports BD, ciné et Jeu
Vidéo vous était proposée.
Assis en cercle à quelques mètres
autour des intervenants, vous pouviez écouter Douglas Alves,
historien du jeu vidéo, Aleksi Briclot, designer pour Jeu Vidéo et
un des créateurs de Remember Me , Stéphane Moïssakis, journaliste
spécialisé et Davy Mourier, oeuvrant à la fois sur scène, sur
feuille et sur vidéo, entre autres -rappelez-vous,, notre interview
fleuve de Davy, ici)...
Les conférenciers en pleine discussion
La rencontre, animée par Bojana
Momirovic, a évoqué les similitudes et différences entre ces trois
arts dans la conception, la production, le marché mais aussi les
rapports entre eux via l'adaptation et le passage d'un média à
l'autre. Les questions du public permirent d'évoquer le futur de ces
médias.
Les intervenants ont parlé, sourire au
lèvres, à bâtons rompus et en toute honnêteté de leurs
(més)aventures et de leur expériences dans ces différents univers
pendant deux heures ! C'est simple, on ne pouvait plus les arrêter.
Et c'était tant mieux pour un public curieux et avide de
renseignement.
Un petit tour du côté des deux
expositions. Tout d'abord Hollyshit qui fait se croiser BD et cinéma dans
des dessins et des strips fort drôles.
Certains avaient été suspendus le
long des murs du Studio Commune Image.
Et hop, une image des images à Commune
Image...
Et la seconde, Carte blanche à Alfred,
qui avait accroché des portraits de réalisateurs du cinéma italien
- à croire que ce cinéma l'a fortement marqué – accompagné de
textes racontant les grandes lignes de leur parcours et leurs œuvres
majeures.
Et re-hop, extrait de l'expo Alfred
hommage aux grands réalisateurs italiens
Juste le temps de se rassasier l'œil
que la soirée de clôture commence, avec une nouvelle performance de
Olivier Ka, Alfred et Richard Guérineau: « La Petite Mort »
Non, rien à voir avec celle de Davy Mourier !
Olivier Ka lisait une courte nouvelle,
tout de noir vêtu, pendant que Alfred et Richard Guérineau le
peinturlurait, bien sûr, dans un but précis lié à la lecture.
Richard Guérineau et Alfred
badigeonnant Olivier Ka. Vous voyez l'idée ?
Un curieux petit quart d'heure fort
sympathique.
Enfin, venait le moment tant attendu du
palmarès :
- Grand Prix du Jury : "DANS LA
JOIE ET LA BONNE HUMEUR" de Jeanne Boukraa , la bande-annonce,
- Prix du Public ET Mention Spéciale
du Jury : "SMART MONKEY" de Nicolas Pawlowski et Vincent
Paronnaud, la bande-annonce ,
- Prix Jeune Public : "LA GRANDE
EVASION" de Tommy Redolfi, la bande-annonce .
S'ensuivit la diffusion des films
primés, ce qui permettait de les redécouvrir. J'étais un peu
chagrin qu'aucun de mes coups de cœur ne fut présent parmi les
récompensés.
Et là, coup d'éclat ! En projection
surprise, nous fut offert le documentaire sur Laurent Vicomte, le
dessinateur de la Ballade au bout du monde et aussi de Sasmira,
intitulé « Entretemps » et réalisé par Avril Tembouret
– encore lui ! - .
Un film qui demanda huit années de
travail afin de suivre pas à pas dans les méandres de la création
du tome deux de Sasmira le talentueux Laurent Vicomte. Talentueux,
mais lancé dans une recherche de perfection qui le fait étaler ses
projets dans le temps, à la recherche du détail manquant, de la
courbe parfaite. Une quête de l'absolu qui n'aurait pas déplu à
Balzac.
Avril était présent pour évoquer ce
dur labeur, j'ai apprécié le regard honnête et néanmoins la
tendresse qu'il porte à l'auteur.
Et je garderai longtemps au fond de ma
mémoire les yeux rieurs de Laurent Vicomte, qui, même au plus
profond des ennuis, semblent vous dire « Tu sais, le plus
drôle, c'est que tout ça, c'est pas le plus important finalement ».
Un moment d'émotion pure et de douce
folie pour conclure cette troisième édition du festival BD6Né.
Conclure, mais pas sans vous avoir
présenté l'équipe !
Car oui, les meilleurs choses ont une
fin, et le temps est venu de se quitter, un peu de rêve aux yeux et
au cœur, en attendant l'année prochaine.
David