Comme nous le disions depuis plusieurs semaines, Tsipras, fin tacticien, utilise parfaitement la dissuasion du faible au fort. Ses créanciers sont face à un choix très difficile. Soit trouver un arrangement en s'asseyant sur leurs prétentions, ce qui galvaniserait les euro-sceptiques, en Espagne notamment, et révulserait le Bundestag, pas du tout prêt à voter pareille largesse. Soit couper tout crédit à la Grèce avec le risque que les dirigeants hellènes aillent jusqu'à continuer à imprimer des euros, ce qu'ils peuvent matériellement faire, plongeant l'Euroland dans la panique et la défiance vis-à-vis de sa propre monnaie. L'oligarchie européenne a manifestement sous-estimé le danger. Elle s'en rend désormais compte mais n'a pas le mode d'emploi pour en sortir. De gauche comme de droite, nous pouvons remercier Tsipras. Il vient de démontrer que le gros système autoritaire qui fait taire ses opposants depuis des décennies par la dette, la menace et le conditionnement médiatique des masses était en fait un colosse aux pieds d'argile. Comme celui de Rhodes, il finira par reposer au fond des flots de la sublime Egée.