En rangeant des papiers cet après-midi, j'ai retrouvé cette photographie de Douglas Harding, que j'ai prise au Taillé peut-être en 1993. On distingue Catherine dans le coin. Et comme d'habitude avec Douglas, on rigolait beaucoup.
Dans ces mêmes papiers, j'ai retrouvé cet échange qui a eu lieu entre Douglas Harding et une amie, dans un atelier mené par Douglas, il y a au moins 20 ans.
"Question : Je vois que je n'ai pas de tête effectivement, mais j'ai toujours des pensées auxquelles je m'identifie et qui me raccrochent à ma petite tête dans le miroir. Donc je voudrai savoir comment m'en dégager.
Douglas: Pour commencer, bien sûr vous avez une tête; la question est de savoir où vous la placer. Non seulement, vous avez une tête, mais une centaine de têtes, partout. La question n'est pas de ne pas avoir de tête mais de savoir où vous la placez.
Quant à nos pensées pourquoi voudrions-nous nous en débarrasser? En fait, elles ne font que décorer l'espace que je suis et sans les pensées l'espace serait moins intéressant. Certaines personnes croient que ce serait une bonne chose que d'arrêter ses pensées.
D'abord, je doute que ce soit possible. Deuxièmement, je me demande si c'était possible, est-ce que ce serait vraiment une bonne chose? Pour moi, cela ressemble la mort.
Quand vous revenez ici vous ne revenez pas dans une boule de viande mais vous revenez dans un vaste espace pour recevoir les autres; vous rentrez chez vous. Donc il s'agit de placer ce visage, cette tête là-bas et d'être qui vous êtes vraiment ici.
Je vous suggère de ne pas vous inquiétez des pensées, mais de regarder la vérité . La vérité c'est que ce visage dans le miroir est pour les autres. Ici, vous êtes cet immense espace pour accueillir tout ce qui est. Les pensées concernent le monde ; les pensées sont là dehors avec votre tête, et les sentiments aussi; il y en a partout là-dehors. Mais ce qu'il faut voir c'est ce qui est ici et qui reçoit tout cela.
Je suggère que la situation est ainsi : visage à absence de visage, pensées à non-pensées, couleur à non-couleur, âge à non-âge. C'est toujours la dissymétrie, le contraste.
Estc-e que cela vous semble compliqué?
Question : Je n'avais pas dans l'idée de ne pas avoir de pensées, mais de ne pas m'y identifier, ce qui est pour moi difficile.
Douglas : Comment faire cela? Comment se désidentifier?
Je vous suggère de commencer par des choses faciles. Comme lorsque vous regardez dans le miroir et vous voyez là-bas votre visage, et vous voyez qu'ici, au-dessus de vos épaules, il y a absence de visage. Visage à espace.
Et lorsque vous vous promenez dans la campagne, vous voyez que vous êtes l'espace pour toute cette nature. Nous disons la vérité sur des choses simples. Et alors, je pense que vos pensées cesseront d'être un problème. Et nous commencrons même à être reconnaissant pour nos pensées.
Faisons ce que nous pouvons faire avec des choses simples; comme par exemple, regardons nos pieds, nos jambes, notre poitrine et voyons enfin qu'au-dessus il y a... le monde !
Nous essayons de manipuler nos pensées, de corriger nos pensées. Pourquoi ne pas simplement les accepter et les voir? Nous essayons de corriger nos pensées au niveau de la pensée. Mais acceptons les sans chercher à les améliorer.
Commençons par nous dire la vérité : nous sommes éclatés, grand ouvert pour tout. Et alors les pensées seront de moins en moins un problème. Et elles seront peut-être même très utiles car elles surviennent quand on en a besoin. Si ce sont des pensées tristes ou des pensées qui concernent de graves problèmes, elles vont nous ramener ici. Problème là-bas, absence de problème ici."