Stephen KING : Mr. Mercedes – 7-/10
OK, ce roman n’est pas un Stephen King comme on s’y attend, mais un thriller plutôt classique. Aucun élément surnaturel, aucun élément « horreur », simplement un « vieux flic » qui traque un tueur fou.
Pourtant, si on oublie qui est l’auteur – et je dois dire que je l’ai vraiment oublié en lisant, le style est particulièrement passe-partout que je n’avais à aucun moment la sensation de lire un King – mais qu’on imagine que ce livre est écrit par John Dublin (c’est un nom que je viens d’inventer, si à tout hasard il existe, je m’en excuse), on le lit avec un plaisir réel, on passe un bon moment, puisqu’il est bien construit, classique dans la structure, le suspense se monte comme il se doit et l’affrontement final est comme on s’y attend, avec suffisamment d’éléments propres à ce roman qui lui donnent de la vie et qui lui permettent de laisser sa propre empreinte même si elle n’est pas profonde.
Mais commençons par l’intrigue :
Une grosse foule se presse devant un grand centre où se prépare une foire à l’emploi, des gens venus de loin qui espèrent pouvoir y décrocher ce qui est devenu tellement rare en ces temps de crise, un emploi.
Alors que la foule se densifie, que ceux qui sont venus la veille se réveillent doucement, un grondement de moteur se fait entendre – et une grosse Mercedes grise fonce sur la foule agglutinée devant les portes encore closes, écrasant sur son chemin les personnes, les blessant gravement, tuant avec délectation les inconnus sur son passage.
Le tueur s’échappe. Il ne sera jamais trouvé.
Le dossier reste en suspens et lorsque l’inspecteur chargé du dossier prend sa retraite, il ne cesse d’y penser.
D’ailleurs, l’inspecteur Hodges n’est pas un retraité heureux, il est de ceux qui ne trouvent plus aucun sens à leur vie, passant le plus clair de son temps devant les téléréalités sans aucun sens.
Lorsqu’un jour il reçoit un courrier du « tueur à la Mercedes », cela le tire de sa léthargie suicidaire.
Un contact, le tueur veut le pousser au suicide, cela semble évident, mais ce contact lui permettra peut-être de le coincer, enfin.
L’inspecteur Hodges se met en quête de nouveaux éléments - et un simple changement de regard sur l’un des aspects de l’enquête lui permet d’ouvrir une fenêtre, une fenêtre qui pourra le conduire au tueur …
Celui-ci, conscient de sa folie, surveille de très près l’inspecteur Hodges et son entourage, se préparant à tuer dans l’entourage de l’ancien flic avant de partir en beauté, dans un coup d’éclat meurtrier …
La particularité de ce roman ?
Il n’y en a pas vraiment.
Nous trouvons les personnages habituels, l’inspecteur à la retraite qui va s’associer avec un jeune geek et une femme un peu différente pour suivre la piste laissée par le tueur insaisissable, tandis que ce dernier les surveille, devient de plus en plus fragile mentalement, jusqu’à commettre des actes irréparables en préparant le grand affrontement final qui ne peut manquer dans un tel roman.
Rien d’excentrique, donc. Et pourtant, la recette fonctionne étonnamment bien.
En lisant j’ai dû me rappeler plusieurs fois que c’était bien un King ; l’auteur est complètement entré dans la peau d’un écrivain de romans de suspense classiques, il s’y trouve bien et on a dû mal à reconnaître sa griffe.
Et c’est probablement tant mieux, du coup « Mr. Mercedes » est un excellent thriller pour quelques jours à la plage.
Les personnages sont assez crédibles malgré leurs côtés particuliers. L’inspecteur Hodges est décrit sans entrer vraiment dans les profondeurs de son âme, juste assez pour accrocher et le prendre en sympathie. Son partenaire, le jeune Jérôme, on ne le voit toujours qu’en marge, on le rencontre comme le voisin surdoué qu’il est, le black qui brille dans un monde de blancs qu’il pourra peut-être un jour conquérir, mais qui pour l’instant est simplement le garçon de 17 ans qui tond la pelouse de son voisin et répare son ordinateur quand cela est nécessaire. Il est crédible et aucunement mis inutilement en avant.
Les personnages féminins sont un peu moins élaborés, du moins nuancés. La première est Janey, elle est un peu trop lisse, mais cela n’a pas trop d’importance puisqu’elle et là pour faire avancer l’affaire et accompagner l’inspecteur Hodges, puis il y a sa cousine Holly, qui souffre de problèmes psychiatriques. Cette dernière est à la limite du crédible, personnellement j’aurais préféré si elle avait été plus « standard ». Il était inutile d’en faire une femme aussi différente et fragile. Mais bon.
Ceci étant dit sur les caractères du livre, l’histoire est déroulée avec une assurance très agréable, on sent que l’auteur sait exactement où il veut en venir. Il n’y a pas d’élément de surprise, ce qui aurait relevé un peu plus le livre, mais j’admets que j’ai pris grand plaisir à le lire malgré l’absence de particularité aucune.
En résumé je reste donc sur mon premier avis, vous l’aurez compris : il s’agit d’un livre suspense classique réussi.
Rien de surprenant, mais très plaisant et sans véritable fausse note.
Un peu trop lisse peut-être mais une lecture agréable et fluide. A lire l’été à la plage ou le soir sur son canapé.
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