Voici un registre littéraire auquel je ne suis pas habituée. On est dans une urban fantasy légère, où les créatures surnaturelles ont une existence admise mais sans pour autant se mêler aux humains de trop près. Ainsi l’apparition de Violette suscite-t-elle une curiosité certaine, mais tout le monde respecte sa mission et ses pouvoirs. Avec ses cheveux mauves et ses ailes irisées, notre petite fée est l’incarnation de la naïveté romantique et du Grand Amour envers et contre tout. Qui détonne furieusement dans une époque qui, elle, est parfois à mille lieue du sentimentalisme pur qu’elle recherche. En cela, sa désillusion, cruelle, qui remet en question tout ce en quoi elle croyait, est très touchante: à la place de la fée-fleur pleine de vie, on retrouve une jeune femme éteinte, perdue, isolée et qui cherche un sens à son existence.
Heureusement, sa fraîcheur donne lieu à une toute une série de scène d’une drôlerie délicieuse. La délicate fée qui surprend sa filleule dans ses ébats érotiques est d’ailleurs un running gag plutôt bien trouvé, puisqu’elle se retrouve à chaque fois face à un Sevan bien plus amusé qu’elle qui doit lui expliquer pourquoi ces pratiques ne sont pas si barbares qu’elle semble le penser. On se retrouve donc avec une romance, une vraie, mais débarrassée de mièvrerie, pleine de second degré et d’humour. Il y en a d’ailleurs pour tous les goûts, que vous soyez plus attirés par la liaison sans prise de tête de Gaby et Elisabeth ou par la romance impossible entre Sevan et Violette.
Pour autant, le roman trouve une certaine profondeur dans ce personnage de chanteur produit marketting qui aimerait bien faire sa propre musique avec des gens talentueux, et pas juste s’exhiber dans un appartement témoin au bras d’un mannequin qui cherche à booster sa carrière. Qu’il s’agisse aussi de Violette qui cherche sa véritable place et sa véritable mission, ou de Gabriel et Elizabeth qui se cherchent mutuellement, ils apprennent tous au contact des uns et des autres. Les personnages sont tous très attachants voire touchants, et même ceux qui ne font que passer ont une personnalité marquante. C’est frais, drôle, ça coule tout seul et c’est sans prise de tête.
La note de Mélu:
J’ai beaucoup aimé.
Un mot sur l’auteure: Cécile G. Cortès est une auteure française qui possède deux chats et deux cochons de compagnie. Vous pouvez la retrouver sur son blog, Plumes Sauvages. Quant à Romane, vous pouvez l’acheter pour moins de 5 euros sur Amazon et sur le site de l’auteur en format epub. D’autres de ses livres sur Ma Bouquinerie: