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Le Monde.fr | 03.07.2015
Le glacier Colony au nord d'Anchorage, en Alaska. MARK THIESSEN / APTrente-six lauréats du prix Nobel, réunis sur l’île de Mainau, sur le lac de Constance, en Allemagne, ont signé une déclaration dite « de Mainau » sur le changement climatique vendredi 3 juillet. Cinq mois avant la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP21), lors de laquelle 195 Etats pourraient adopter le premier accord universel sur le climat, le texte appelle « à prendre des mesures décisives afin de limiter les futures émissions mondiales de gaz à effet de serre ».
Nous soussignés, scientifiques lauréats du prix Nobel, avons rejoint les rives du lac de Constance dans le sud de l’Allemagne afin d’échanger nos points de vue avec de jeunes chercheurs prometteurs qui viennent comme nous du monde entier. Il y a près de soixante ans, ici, à Mainau, une assemblée similaire de lauréats du prix Nobel de sciences a publié une déclaration sur les dangers inhérents à la nouvelle technologie des armes nucléaires — une technologie résultant des avancées dans les sciences fondamentales.Jusqu’ici, nous sommes parvenus à éviter une guerre nucléaire, même si la menace demeure. Nous pensons que notre monde est aujourd’hui confronté à une autre menace d’une ampleur comparable. Des générations successives de chercheurs ont contribué à créer un monde de plus en plus prospère. Cette prospérité s’est faite au prix d’une augmentation rapide de la consommation des ressources de la planète. En l’absence de maîtrise, notre demande sans cesse croissante en produits alimentaires, en eau et en énergie finira par dépasser la capacité de la terre à satisfaire les besoins de l’humanité, et mènera à une tragédie humaine générale. Déjà, les scientifiques qui étudient le climat de la terre constatent l’impact des activités humaines.En réponse au changement climatique généré par l’homme, l’Organisation des Nations unies a créé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) afin de fournir aux décideurs mondiaux un résumé de l’état actuel des connaissances scientifiques pertinentes. Bien que loin d’être parfaits, les efforts qui ont conduit à l’actuel cinquième Rapport d’évaluation du GIEC représentent, à notre avis, la meilleure source d’information concernant l’état actuel des connaissances sur le changement climatique. Nous ne le disons pas en tant qu’experts dans le domaine du changement climatique, mais plutôt comme un groupe diversifié de scientifiques qui ont un profond respect et une compréhension de l’intégrité du processus scientifique.
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Bien qu’il subsiste une incertitude quant à l’étendue exacte du changement climatique, les conclusions de la communauté scientifique contenues dans le dernier rapport du GIEC sont alarmantes, en particulier concernant le maintien de la prospérité humaine, en cas d’une augmentation de plus de 2 °C de la température moyenne mondiale. Le rapport conclut que les émissions anthropiques de gaz à effet de serre sont la cause probable du réchauffement climatique actuel de la Terre. Les prévisions formulées à partir des modèles climatiques indiquent que ce réchauffement va très probablement, au cours du prochain siècle, augmenter la température de la Terre de plus de 2 °C par rapport à son niveau préindustriel, à moins que des réductions spectaculaires ne soient faites dans les émissions anthropiques de gaz à effet de serre au cours des prochaines décennies.
D’après les évaluations du GIEC, le monde doit faire de rapides progrès dans la réduction des émissions actuelles et futures de gaz à effet de serre afin de minimiser les risques importants de changement climatique. Nous pensons que les nations du monde doivent profiter de l’occasion donnée par la Conférence sur les changements climatiques des Nations unies à Paris, en décembre 2015, pour prendre des mesures décisives afin de limiter les futures émissions mondiales. Cet effort exigera la coopération de toutes les nations, développées ou en développement, et il devra être poursuivi à l’avenir, en accord avec les évaluations scientifiques actualisées. L’inaction soumettra les générations futures de l’humanité à un risque inadmissible et inacceptable.
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