Les phéromones sont des signaux chimiques utilisés pour communiquer entre organismes vivants d’une même espèce. Cette étude est la première à montrer, certes sur l’animal, que ces signaux vont exercer une influence sur plusieurs générations, ici de mammifères. Sachiko Koyama, auteur principal de l’étude, commente : » Cette exposition va influencer l’attention de la mère et le mode de nutrition des petits après la naissance, ce qui entraîne des changements dans le cerveau qui peuvent se transmettre ensuite aux générations suivantes « .
Les scientifiques ont ensuite cherché à mesurer les capacités cognitives de la progéniture avec le test du labyrinthe. Les souriceaux nés de mères exposées aux phéromones mâles trouvent bien plus rapidement la sortie, ce qui suggère un apprentissage plus rapide et une mémoire spatiale plus développée.
Des signaux chimiques, une » neuro-amélioration » : C’est le terme utilisé par ces scientifiques qui suggèrent que les phéromones entrainent des niveaux plus élevés de composés chimiques favorisant cette » neuro-amélioration » dans le lait maternel. Il s’agit entre autres de l’acide sialique, un composant du lait maternel, présent à des niveaux élevés dans le cerveau au cours du développement précoce. D’une enzyme, la » polysialyltransférase » qui, avec l’acide sialique, produit une molécule impliquée dans le développement des cellules neurales.
Phéromones et changements épigénétiques : Ainsi, les phéromones mâles non seulement transmettent un message olfactif important aux femelles sur le comportement d’accouplement, mais, à travers certains mécanismes moléculaires de signalisation complexes, apportent également des avantages à la progéniture. Enfin, ces données sont aussi une contribution à la recherche sur » l’épigénétique » ou influence de l’environnement sur la génétique. Car ici, les modifications sur la nutrition de la progéniture vont entraîner des modifications dans l’expression de certains gènes transmissibles aux générations suivantes.
Source: Proceedings of the Royal Society of London B: Biological Sciences 1 July 2015. DOI: 10.1098/rspb.2015.1074 Cross-generational impact of a male murine pheromone 2-sec-butyl-4,5-dihydrothiazole in female mice