Voilà, c’est fini… à l’année prochaine!

Il est 16h30, j’ai presque fini de ranger ma classe… je suis contente d’être en vacances, très contente même… mais il y a aussi cette mélancolie, cette émotion qui me saisissent à chaque fin d’année scolaire…

On a passé 10 mois ensemble, 4 jours et demi par semaine… c’est énorme quand on y pense. Mes CE2-CM1, je les ai vus apprendre, grandir, vivre, j’ai aperçu parfois le futur adulte en eux.

Certains m’ont amusée, énervée, émue, agacée… mais même si on est là pour leur enseigner des choses, chacun dans leur genre, certains plus que d’autres (eh oui nous sommes des humains après tout, le tout c’est de ne pas le montrer), je les ai tous bien aimés…

Il y a eu de bons moments, de moins bons, des moments exceptionnels.

Il y a eu ce spectacle de danse contemporaine qui m’a fait pleurer et aimer mon métier comme jamais.

Il y a eu le quotidien, les maths, le français, le programme qui pousse, les efforts pour ne laisser personne à la traîne mais l’impuissance parfois à le faire. Le plaisir de les sentir passionnés par les sciences, la géographie, l’instruction civique, l’EPS. Le bonheur de leur transmettre ma passion pour l’Histoire… ce projet sur la mythologie grecque qui les a exaltés… leurs progrès, leur motivation, leurs efforts… cette joie de voir mon élève sourd faire d’immenses progrès et figurer parmi les bons élèves (même si je ne mets pas de notes, j’évalue)…

Ces sorties qui cassent la routine de la classe et font apprendre autrement: le mini-raid, la randonnée littéraire, les visites du Patrimoine, la sécurité routière, les secours à la personne…

J’ai souri, j’ai ri, j’ai grondé, j’ai encouragé, j’ai soupiré, j’ai fait les gros yeux, j’ai séché des larmes, j’ai félicité, j’ai rassuré, j’ai soigné des bobos, j’ai calmé des chagrins, j’ai exigé des excuses, j’ai mené des débats, j’ai essayé de comprendre, j’ai puni, j’ai pardonné, j’ai vécu avec eux et moi aussi, j’ai évolué.

Alors, hier, quand ils m’ont encerclée dans une grappe humaine, quand ils m’ont réclamé des bisous, quand certains m’ont demandé si, peut-être, ils seraient encore dans ma classe l’année prochaine, quand ils ont rivalisé de gentillesse sur le livre d’or, quand ils m’ont offert un tas de petits cadeaux, et quand certains, à 15h45, ont pleuré, j’avoue que mon nez m’a un peu picoté, aussi.

L’année prochaine, j’aurai d’autres élèves, et tout recommencera pour moi dans l’exercice de ce métier fatigant, prenant, usant mais beau, beau, magnifique.

Et eux, ils continueront leur vie, ils passeront à autre chose, ils me diront toujours bonjour dans la cour, dans les couloirs, et puis petit à petit ils le diront moins… ils partiront au collège, certains ne se sentiront plus et ne me jetteront plus un cil, certains continueront à venir me faire une bise au portail, parfois j’entendrai des gaillards d’1m80 m’appeler dans la rue et je reconnaîtrai leur sourire.

J’aurai été une petite pierre dans l’édifice de leur construction et pour cela, je me sens utile, et j’aime mon métier.